L'histrion

Corps de volucre, faciès vultérin
Regard torve, chafouin, aux traits purpurins
L'histrion se morfondait dans son galetas
Il ne dormait pas dans des draps en taffetas

La maritorne scalde, veule et rotonde
Faisait le ménage dans ce décor immonde
Il se disait dandy, mais nullement parangon
De vertu, gandin à l'âme d'un Harpagon

Disert, pugnace et profus dans les saillies
S'étant rapproché par intérêt du bailli
Pour le convaincre par son discours volubile
De lui donner la main de la mousmée nubile

Clairvoyant et perspicace à ces turpitudes
En fleurant le mauvais coup et l'ingratitude
Le fit bastonner par ses laquais, du bois vert
Il eut et envoyé au diable vauvert !

La pièce est finie

Sur ce rocher moribond perdu dans l'espace
Des larmes de sang s'écrasent sur les remparts
De mes doutes, je sens faiblir la carapace
De l'être tout puissant, de l'homme-léopard

Les fondations vacillent sous mes pieds
Un tremblement humain ressenti dans le corps
Remonte mes muscles, j'appelle un pompier
A venir m'aider, libérer les anticorps

Les membres s'agitent en tout sens, un pantin
Désarticulé qui est tombé sur le sol
Les yeux révulsés, j'ai l'air du cabotin
Seul sans public et qui joue son plus mauvais rôle

L'image est triste à voir, que le pâle reflet
De la jeunesse d'antan, fini les succès
Du passé, il ne reste que de sombres pamphlets
Annonçant la mort de l'artiste, du décès

Le corbillard avance, la foule éparse
Se regroupe autour du cercueil, un court sermon
Est prononcé en hommage, quelques comparses
Jettent des roses, adieu pauvre histrion !