Ils regardent le lion au fond de sa cage étriquée,
La crinière nouée à sa servilité,
Ils disent que les barreaux protègent leur liberté,
Ils en sont entourés.
Le fardeau du monde est trop lourd à porter
Mais leur poids dans la balance a tout fait basculer,
Ils proclament leurs plaisirs : innocence et pureté,
Ils jouent à se leurrer.
Chaque instant d'oubli est un gage de paix,
Chaque seconde subie s'écoule dans l'inanité,
C'est leur félicité.
Ils célèbrent les prestiges de tous les moribonds
Croyant cacher leurs vices par des indignations,
Ils croient dans les vertus des télés communications,
Obscène intégration.
Chaque nuit d'oubli écorche l'éternité,
Chaque seconde subie s'accroche aux futilités,
Suave cécité!
L'eau ruisselle sur le dos des sourciers,
Le tonnerre répond à l'artificier,
Les parfums s'écoeurent d'être trop flairés,
Les affaires fleurissent quand tout est fané.
Ils regardent le lion rugissant dans leurs rêves,
Ses griffes indomptées lacèrent leurs habitudes
Mais ne peuvent disperser le souffle des platitudes
Que sont leurs commentaires.
Ils approchent, agacés, de leur unique sanctuaire
Où tomberont les masques qui cachaient leur misère,
Ils y retrouveront leur cage solitaire,
Enfin leur plénitude.
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Le lion est superbe, et seul. Il rugit pour lui-même. Il disparaîtra bientôt, ainsi que veulent les hommes. Il est trop seul, admirable, indomptable. Les hommes frémissent devant les fauves, qu'ils respectent. Ce qu'ils adorent, c'est cette force, et tout ce qui va mourir. La servitude est de se voiler la face et de faire comme si c 'était normal, ce triste sort. Nous n'avons pas besoin de lions, juste de moutons agrégés en troupeaux. Ce poème là, c'est ta "mort du loup" à toi, toi le taciturne, toi le solitaire poète... J'aime, à relire ! |
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jacou |
Nous créons le monde à notre image et il ne faut donc pas s'étonner qu'il soit en danger de mort. Avilir l'autre, encager l'autre, l'ignorer, le plier à sa volonté...tout ce que nous faisons aux autres est le miroir de ce que nous sommes et de ce que nous nous infligeons à nous même.Ton poème est cruel, très cruel...d'autant plus qu'il est juste! | |
eliosir |
il est dense manichéen mystérieux!beaucoup de souffrances tu sais créer les contextes du pire et pourtant hélas vrais!bon courage!amitiés:) | |
romantique |
Il " imprécationne " bien le poète qui a vu qu'à leur fin de vie, les cadavres des hommes rejoignent ceux des lions qu'ils ont fait mourir en cage ! Recouvrons tout pour partir sur de nouvelles bases, pendant qu'il est encore temps ! Bravo le buveur de houblon ! |
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Banane |
Merci chers poètes pour vos commentaires toujours appréciés! | |
Banniange |