Oh, quel éblouissement que ce nacre en pliure
Sous ce bel incendie qui ravage l'azur !
On se consume enfin, enfants de volupté,
Sur ce sable assassin de ce temps égrené.
Des sirènes ravies enlacent le Grand Bleu,
Un Nérée muscadin force la baracca,
Des tritons dans leur conque appellent de leurs vœux
Ces nymphes affaissées qui câlinent leur chat.
Et des vieux loups de mer à la toison huileuse
Narrent leurs odyssées aux charnues Amphitrite,
Deux crabes rescapés coiffent une aboyeuse
Qui s'était assoupie en digérant des frites.
Quelques scaphandriers vont traquer les murènes,
Les voiliers et valseurs tanguent en cabotage
Tout s'anime en couleur dans un joyeux tapage,
Quel bonheur d'être ici, affranchi et sans peine.
Mais, soudain, tout se tait, un silence oppressant
Ecrase les badauds dans le sable brûlant,
Ce n'est pas un poisson sur les flots indolents
Ni une installation, c'est le corps d'un migrant.
MEDITE, ERRE, ANNEE…
*(Allusion au « Strange Fruit » de Bilie Holiday, autres temps, autres morts).
https://www.youtube.com/watch?v=pD2evtQP8ps
Poème Précédent | Poème Suivant |
Social à découvrir... | Poèmes de Banniange au hasard |
Annonces Google |
Il me procure des larmes ce poème ! Respect Banniange pour cette amère réalité traduite par tes mots talentueux . J'ai remis le lien pour la chanson d'un clic qui la rend accessible : https://www.youtube.com/watch?v=pD2evtQP8ps |
|
Yuba |
Les migrants sont éternels, car toute l'humanité a migré depuis la terre d'Afrique, il y a de cela quelques centaines de milliers d'années, ce qui est peu de temps au regard de l'histoire des hominidés... L'Europe a exporté ses populations aux quatre coins du monde pendant cinq siècles, peuplant par exemple l'Argentine et l'Australie, l'Afrique du Sud et le Canada. Il est bien regrettable aujourd'hui d'oublier la longue histoire braudélienne, qui inclinerait à manifester de la solidarité à l'égard des migrants africains, non le rejet actuel. J'aime les élans du cœur, ta générosité Banniange est un combat, j'y adhère d'autant plus que ton poème est une chronique mythologique où la réalité fait son apparition brutale. Enfin, il y a la chanson bien sûr, l'art, le souvenir du faible qu'on lynche, tant il apparaît souvent plus facile de haïr que d'aimer, ce qui me paraît faux... Félicitations à toi Banniange, tu vas sur tous les fronts où la poésie te conduit ! |
|
jacou |
Merci à vous deux d'avoir apprécié et commenté ce texte assez sombre, certes, mais comment ne pas évoquer ce contraste affreux entre ceux qui fuient les prisons dans des eaux hostiles et ceux qui fuient leur liberté dans des distractions futiles... |
|
Banniange |
les corps des migrants flottants, font partie de la réalité de la mer, comme les figures mythologiques, les marins, les explorateurs/sauveteurs poésie qui m'a bien plu de lire. | |
fee-de-ble |
merci du passage et du commentaire fée! | |
Banniange |