Les rêves vont-ils s’assembler
Sur la face cachée de la lune
Ou tombent-ils
Dans les fosses abyssales,
Là où régne le silence
Des défuntes passions ?
Je les croisais toujours,
Assis, sous un immense tilleul,
Ils guettaient le firmament
Telles des sentinelles inquiètes,
Puis, s’interrogeaient
En scrutant leur montre avec angoisse.
L’un d’eux, un jour, me fit signe
Et me demanda si j’avais vu
Passer une heure:
« Et alors »,répondis-je,
« Où serait-elle partie ? ».
Chacun s’égarait en conjectures :
S’était-elle dissimulée dans un bahut,
Au fond d’un grenier
Aux trots des chevaux de bois,
Avait-elle franchi les colonnes d’Hercule
Où galopent, au loin, les Scythes indomptables,
S’était-elle enfuie au Kamtchatka
Là où des crabes royaux broient les étoiles
Dont les larmes de sang fulminent en geyser,
Dans un train abandonné que des voyageurs fantômes
parcourent inlassablement une lanterne à la main
Ou, peut-être, dans le souffle délicat
D’un amour qui ne s’avoue pas ?
Et le temps passa ainsi
Jusqu’au seuil du trépas,
Nous n’étions plus que des vieillards
Chenus et chevrotant,
Nous avions oublié
Au pied d’un arbre centenaire,
Cette heure perdue
Que des années n’avaient pu rattraper…
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Un poème qui pour moi est une belle contribution au thème du printemps des poètes Bravo et merci |
Edelphe ![]() |
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Merci Edelphe, Je n'y avais pas pensé. |
Banniange ![]() |
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Le temps qui passe ... Thème inépuisable que vous avez traité ici avec puissance et originalité, avec ce sens du mot juste qui tombe pile au bon moment et de l'image inattendue qui sonne juste. Il est de pur hasard que je lise votre poème au lendemain du passage à l'heure d'été (Quelle absurdité, ce truc ! Mais quand diantre vivrons-nous selon le soleil, tout simplement ???) ... Je disais ... Hasard, heure d'été, et en fait j'ai reçu votre poème comme une interrogation profonde et pertinente quant au rapport que nous autres humains toujours pressés et en même temps occupés de nous-mêmes jusqu'à en étouffer entretenons avec le Temps, cette porte de l'éternité ... Un poème aussi sage que beau, aussi essentiel que "sculpté". |
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