Machinal le feutre à mes lèvres se balance
Mon index contourne les brouillons empilés
court l'équilibre sur fils morts d'existence
les veines du pupitre aux noeuds asséchés..

Ma pierre d'écriture semble déchargée
Un jaspe partenaire privé de soleil
Que j'ai oublié avec un vieux bouquet
De muguet fané et de roses vieilles..

Un désoeuvrement que le silence étire
M'envoie des acouphènes de sable filant
L'ultra blanc du papier en ligne de mire
Vide mes pensées en les immaculant..

Mon regard se détourne du vide hypnotique.
Les rideaux tirés sur la lumière du jour,
Offrent à mes yeux des dessins symétriques,
Chevrons à recenser en compte à rebours

En fond d'inspiration vif et stimulant
Les contrepoints de Bach m'arrivent en sourdine
Mais aujourd'hui mon coeur est malentendant
Les reçoit comme autant de gerbes d'épines..

Je froisse ma feuille, m'en remets au soleil
Le printemps est plus fort que l'envie d'écrire
J'accepte de bonne grâce mon corps en sommeil
Je ferme mon cahier...je n'ai rien à dire..