La moindre morsure de l'invisible griffon,
Me remplit de tourments dans le soir,
Je délire quand m'instruit le miroir,
Alors je touche le fond !

Comme un Prométhée dont le foie revient
Sans cesse à sa taille d'origine,
Je ne crois qu'aux vraies angines,
Que je déduis d'un rien !

Le médecin est mon compagnon de voyage,
L'angoisse son mot qui n'est dit,
J'ai toujours des maux inédits,
Vers la mort un mirage !

Des gnomes me narguent derrière le mur,
Quand je me joue de mes pathologies,
De la paranoïa c'est l'anthologie,
Mais comment être sûr ?

Un vieux démon me distord les boyaux,
J'invoque ma pilule salvatrice,
Je redoute toutes mes cicatrices,
Mes maux sont loyaux !

Alors je disserte sur mes intellectuelles
Considérations d'homme angoissé,
Quand mes certitudes sont effacées,
Je renie l'aube cruelle !

Des armées de préjugés s'accumulent ici
Près de ma porte encore ouverte,
Je me vois déjà raide et inerte,
Comme si la mort venait ici !

Riez gargouilles aux rictus narquois,
Je sais bien que le mal abuse,
Certes, de mes folies s'amuse,
Le plus désespéré des rois !

Quelle vie que la mienne, si soumise
Aux plus inaudibles desseins ;
Je crois à la bonté des saints,
Quand mon âme se grise.

OR