Lorsque je contemple une toile de William Bouguerreau,
Je me laisse envahir par un sentiment d'éternité,
Les amours si tendres et lisses de la maternité,
Et le murmure indicible des vieux héros.

La pose si extatique d'un muse aux nuances pastels,
Et les indéfinissables regards aux éclats perlés,
Où je me réfugie quand les jours sont gelés,
Par l'indifférence, aux éclats si mortels.

Deux enfants qui jouent et s'échangent des contes,
Des poses qui sont des ères d'absolues puretés,
La joie, la tristesse, le rêve ou la honte,
Tout est là, dans une singulière volupté.

Tous ces êtres célestes aux attitudes olympiennes,
Subrepticement s'échangent d'aériens secrets,
Et la nature n'est qu'une adorable païenne,
Alors qu'une inoubliable émotion se crée.

Les chevelures s'enflamment sous le pinceau d'or,
Et les imperceptibles gravités se glissent,
Là le spectateur s'autorise avec délice,
A se répandre dans la suavité du décor.

On y voit l'âme éclairée par les fins interstices,
Les mines surprises et sereines nous côtoient,
Tout est calme, et se fige dans l'édifice
Eminemment humain au sommet de la joie.

Une fenêtre sur des moments éternels et inertes,
Où se compromettent des anges et des mutins,
Des idoles qui devant nous dissertent,
Sur l'art, né d'un soir ou d'un matin.

Lorsque je contemple une toile de William Bouguerreau,
Je ressens les émois inoubliables des errances,
Déambulant dans les sentiers de l'enfance,
Et me dis... Qu'est-ce que c'est beau !

Olivier Rachet