Tournent tournent sans cesse au ciel de mon plafond
tournent tournent sans cesse mes amis les vautours
dans les branches de ma table de nuit un écureuil
se moque de mes peurs en me clignant de l'oeil

Ce soir j'ai l'âme en peine et je ressens le manque
ma soeur la fenêtre a déserté les lieux
plus de trace de celle-ci qui me disait le monde
sans elle les murs austères pleurent des larmes de pierre

La lumière du dehors avec elle s'est enfuie
supplantée, remplacée par une belle de nuit
filament de clarté chauffé aux insomnies
allumeuse vulgaire fardèe de verre poli

Elle m'invite à plonger la tête la première
dans cet abîme sans fond où souvent je me perds
arcanes de mon cerveau, dédales de mon être
peuplés de mes angoisses, squattés par mon mal être

Le marchand de cauchemars me rejoindra bientôt
du sable sous les paupières pour unique cadeau
Pimprenelle comme toujours sera en blouse blanche
pour me servir une dose plus légale que la Blanche

Lors je devrai partir de mon monde onirique
pour me garder du froid, ma camisole chimique
costume sur mesure taillé par un médecin
donnera à mon monstre une allure d'être humain

Avant j'étais un fou maintenant tout va mieux
je suis juste une épave, un vieux débris baveux
mes manières souvent vous inspiraient l'effroi
à présent je suis normé, rectifié je file droit

J'étais juste différent vous m'avez transformé
muselé, baillonné, sommé de vous ressembler
formaté à grands coups de pilules magiques
sacrifié sur l'hôtel d'une science sans éthique

Mes rêves sont devenus gris, même mes vautours volent bas
mon sourire s'est couvert il va pleuvoir je crois
je sens la première goutte qui coule sur ma joue
vous avez réussi je suis devenu un "vous".