La rose effeuillée qui sommeille en chaque fille
La faille terrible dont la montagne s'orne
La feuille d'arbre qui tremble sous la charmille
Le charme qui tend la branche à l'oiseau du morne

La Bible dont le prêtre attise chaque page
Le soc de charrue rangé dans une remise
La pleine fatigue si douce en fin d'ouvrage
Le simple plaisir d'aller en bras de chemise

Voilà ce que le mois d'août finissant distille
Le paysage entier se confond de couleurs
Prolongeant leurs nuances, haut le soleil brille
Il fait doux, c'est ainsi que s'apprend le bonheur

Voici tout ce que j'ai vu dans ce mois qui meurt
Emportant avec lui les secrets d'un été
Il bruisse aussi bien de tant d'anciennes rumeurs
Sur des saisons mortes chargées d'éternité

Passant qui t'approche sur le point d'apparaître
Où te portent tes pas, tu crois que tu n'es pas
Tu te prends au plaisir qui s'épand de ton être
Dans l'appel de nature étalant ses appas

Alors rose et feuille, faille et charme s'endorment
Bible et soc, plaisir, fatigue sèchent tes larmes
Vient l'automne où dans l'or fane la feuille d'orme
Tout se tait, et le ciel déploie ses teintes parmes