Je vais de livre en livre ainsi qu'un affamé
Acharné pour connaître et qui ne sait jamais
De quoi demain se trame à l'appel des secondes
Mourantes en lueurs dans le remous des ondes
Assoiffé par bonheur d'ouvrages poétiques
Pourtant je ne bâtis en moi aucune éthique
Permettant d'accepter le sort qui m'attendra
Le jour où l'on mettra mon corps entre deux draps
J'accepterai très bien le linceul au tombeau
Auprès des miens que je vois encore si beaux
Quand la mort prêtera à mon corps anonyme
Ces traits figés semblants chercher la seule énigme
Aucun livre ne livre aucune vraie réponse
Effaçant ma mémoire à coup de pierre ponce
C'est ce que je demande effaré par les heures
Qu'en moi se voit offerte une vaste demeure
Où les vents dérivants des plus hautes montagnes
Enumèrent toujours ces châteaux en Espagne
Le gothique de Louis Deux en son dix-neuvième
Siècle en sa Bavière où il jucha ce qu'il aime
Le torrentiel désir de contrer le réel
Sa folie retenant les anges et leurs ailes
Le lac miroir d'aurore eut des éclats de feu
Quand un roi s'y noya au bout d'un songe affreux
Car la réalité réagit par vengeance
Et revient pour hanter le cœur de notre engeance
Nier le flot enfiévré c'est se fier à ses rames
Or nul n'est assez fort pour échapper au drame
Que dame nature a dessiné pour nous autres
Le troupeau qui sous la Lune d'argent se vautre
Alors je veux mourir ayant tout oublié
Je n'irai pas pleurer mes yeux seront pliés
J'ai déjà assez vu l'univers qui m'effraie
Contre la mort rapace haut, ô, je hurlerai !
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Pensée
Publié le 30/11/2019
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Pensée à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
"La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres. Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !" Ton poème doux amer, je l'entends comme un écho au maître du symbolisme. |
|
Banniange |
Tu as raison les livres ne livrent aucune réponse à nos questions surtout le destructeur des plaisirs qui est la mort | |
megapdg |
Magnifique écriture ! Les livres apportent une ivresse certaine dont on ne se lasse jamais tandis que le sort que nous réserve la mort est un parfait inconnu, une page blanche où il serait possible d'écrire d'autres belles poésies libératrices ... Merci Georges pour ce partage qui invite à la reflexion ... |
|
Yuba |
Très beau! Les livres n'offrent pas toutes les réponses et heureusement, car sans mystère, on y perdrait peut-être tout intérêt. Peut-être là haut vous ne hurlerai pas , mais rirez-vous de nous ici-bas qui sait? | |
fee-de-ble |
fascinant et dantesque amitiés:) | |
romantique |
Banniange, je te remercie pour les vers de Mallarmé qui savait combien les livres ne nous délivrent nul sens véritable sur la mort inscrite en nous, dans l'entropie qui prélève des morceaux de nous, des lambeaux de la charogne humaine pour devenir ce qui "est sans nom dans aucune langue", un corps désossé où scintillerait, macabre, d'un reflet de flamme brillant, comme un rubis précieux jeté là par un farceur, le vif éclat d'un iris rougi qui maintiendrait, au moment de mourir, la pensée "des vols qui n'ont pas fui...car il se souvient que c'est lui...que son pur éclat assigne...dans l'exil inutile, le Cygne" (Stéphane, toujours). | |
jacou |
Mega, tu dis bien vrai et je t'en remercie de conforter ma certitude qu'un livre désapprend de mourir, or c'est apprendre à mourir qui est la philosophie bonne. | |
jacou |
Assia, oui merci je veux écrire juste avant la mort mes plus belles écritures, prose, roman, poésie qu'importe, qui seront dénier l'abolition du vouloir vivre, une résistance en somme... | |
jacou |
Fée de blé, si je pouvais rire, ce serait plutôt des traces ridicules que je laisserais que je rirais. De vous tous, je sourirais plutôt. Merci pour ce gentil message ! | |
jacou |
Sylvain, la mort fascine effectivement et ouvre un enfer digne de Dante aux âmes damnées comme la mienne... Non, je plaisante, je dramatise. Merci à toi :) | |
jacou |
Ça me fait du bien, tellement de bien, de lire de la belle poésie. Merci Georges pour ces vers qui dessinent tant d'images nostalgiques. Moi je ne veux pas mourir, je veux vivre l'Amour qui rime avec toujours, naïveté dont je n'arrive pas à me détacher... | |
Ombellune |
Marine, énorme merci pour toi, que ta vie soit longue et comblée de grâces ainsi que tu les incarnes et les distribues ! | |
jacou |
Georges Votre poème soulève une question qui interpelle chacun de nous. Je pense que pas un livre ne peut nous apprendre à nourrir pas plus que nous dire le sort que nous réserve l'avenir . Peut-être faut-il laisser à chacun de nous sa propre croyance. Douce nuit à vous et un grand merci | |
roserose |
Merci beaucoup Rose pour votre réflexion qui me touche, car je suis une créature livresque, je lis comme un fou, avide de savoirs qui ne répondent jamais aux questions essentielles que je me pose : de quoi demain sera fait ? Mourir fait-il mal ? Oublié-t-on les morts par pudeur et par peur ? Etc... J'aime à partager ces doutes, et votre message est un baume pour ceux-ci, oui, il vaut mieux rester en deçà de ces questions qui taraudent. Belle nuit à vous. | |
jacou |
Annonces Google |