J'ai longtemps habité dans de sombres ruelles,
Que les feuilles des tilleuls ne venaient parfumer,
Et qui laissaient mon coeur lentement se faner.
Parmi toutes ces ruines, les chants étaient cruels.
J'ai si souvent pleuré du mépris de mes pairs;
Et l'on m'a tant de fois battu, pour mon esprit
Rêveur.Si bien qu'un jour, la Mort elle même me prit
Dans ses bras, et fit d'elle ma douce et terrible mère !
Oh, je ne déclinai sa tendre invitation,
Qu'afin de rejoindre cette Muse qui m'apparut
Au coeur d'une tulipe ! Là était mon salut !
Ainsi la fleur rouge devint mon ambition.
Je me fis pénitence et m'en l'allais chercher,
Sans peur ni remords, aux confins de mon monde.
C'était là, hors les murs ! Les chênes me guidaient,
Loin de ces cours grises, loin de ces êtres sombres.
Ah, la fin du calvaire ! Et la senteur du lys !
J'étais enfin libre, libre de respirer !
Liberté ! Solitude ! Je me laissais griser !
Les fleurs étaient du vin… et je contais la nuit.
Et j'eus pour auditeurs, la Lune, et un hibou !
Tout autour de moi, s'en étaient les écureuils
Les renards, les lapins, les loups,
Les morts. Le crapaud et son oeil.
Et parmi tous ces étrangers,
Je devins l'être écouté !
En si bonne compagnie, je n'éprouvais nulle honte.
Je ne pus me défaire du rire du sanglier
Et les milles feux par les lucioles brûlés,
Éclairaient mes songes, ainsi que dans les contes.
Je pus enfin écrire, je me mis à maudire;
Les hommes arrogants, les femmes infidèles.
La forêt était gentille, et le printemps si bel !
Et j'étais heureux…Mais la nuit vient mourir
Et le jour vient renaître, il me faut retourner
À l'enfer des rues noires… Je ne veux point partir !
Mon âpre chemin de croix est parsemé de rouge.
Ce sont mes tulipes ! Elles me disent au revoir !
Ce sont mes tulipes, qui me redonnent espoir.
Et voilà à nouveau les regards plein de haine,
Les sourdes ovations pour les fleurs du bitume,
Et la puanteur du destin qu'eux seuls fument !
Mais la voie du bonheur est parée de fleurs rouges,
Et le sublime parfum de la nuit me conduit
Là où pour quelques rires, j'ai embrassé la Vie.
Il me faut attendre, qu'à cela ne tienne.
Il existe en mon coeur, une prairie toute bleue.
Où m'espère, comme un vieil ami, l'autre Moi… l'heureux.
Écrit par Etienne de Mirage
Le coeur est une langue qui se passe de mots.
Catégorie : Evasion
Publié le 01/12/2019
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Une histoire déchirante entre sa partie sombre et lumineuse.si bien racontée dans sa détresse adoptive, bravo pour ce cri du coeur | |
fee-de-ble |
Il est long et difficile, le chemin qui ramène des ténèbres vers la lumière, les personnes qui l'ont connu ne le savent que trop bien... Le souffle poétique qui porte vos mots nous emmène vers cet espoir qui surgit de l'ombre et qui, malgré ces petits pics de douleur intérieure, nous fait aller vers la clarté. | |
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magnifique | |
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Viens ici dans mes favoris, somptueux poème, sur lequel les fées Baudelaire et Novalis se sont penchées, pour que le poète écrive la légende de la tulipe rouge ! J'ai adoré cette poésie magnifique, que je relis avec ferveur, elle contient ce que j'aime en poésie, un tel lyrisme ! Bravo Étienne ! | |
jacou |