Chemin de croix
C'était dans un Paris né des années cinquante
Vivant, ragaillardi d'un destin obéré
Partout dans tous les coins on trouvait des brocantes
Où l'on pouvait chiner l'esprit bien libéré.
Il arrivait souvent qu'il se trouvât en piles
Des ouvrages à dos cuir faits pour les contritions
De couvents éloignés de nos trop grandes villes
Pour ne subir aucune de nos aberrations.
En amoureux sevré du paraître, et qui n'ose,
Je tentais d'exister en exhibant ces dos
Ornés de fers précieux, de guirlandes de roses
Dans ma bibliothèque classée ab absurdo.
Je n'avais rien lu de ces achats en masse
Oubliés en hauteur afin d'être bien vus ;
Lorsqu'un ami me dit « L'octavo qui dépasse
C'est un livre de messe ? Chez toi c'est imprévu ! »
Je ramenais à moi cette tranche vert jade
Sur laquelle on lisait « Cours de MEDITATION»
Je l'ouvris et en garde je vis Marquis de Sade
Prospérité du Vice, Unique édition.
Dedans je rencontrais images de pucelles
Ou de saints forts benoîts d'être pris pour signets
De mots trop sulfureux lus au noir des chapelles
Pour avoir indulgences à force de poignets.
1989
Écrit par CharlesSABATIER
Branleur MONDAIN.
Catégorie : Poésie
Publié le 02/11/2019
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Peut être que la foi doit passer par tous les chemins avant de reconnaitre sa voie... Merci Charles Sabatier ,j'ai bien aimé ma lecture ! |
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Yuba |
Poème splendide ! Le millésime 1989 a été très riche en émotions, et la vôtre emporte dans le temps l'une de celle-ci. Un souvenir des quais où chiner des bouquins était une passion. Sade est un auteur très spirituel, il vaut bien de paraître parmi des livres dans une belle bibliothèque, après l'usage qu'on en fait... Merci de partager tout cela. | |
jacou |