Fanny cueille une fleur dans le champ de lavande
Humant profondément dans sa robe violette
C'est la saison douce, la saison de provende
Elle a couru depuis le chemin, elle halète
Sa poitrine sous son corsage se soulève
Elle a rêvé l'instant depuis ce matin calme
Il y a au monde un seul couple, Adam et Ève
Depuis l'Antiquité, ils se sèvrent de palmes
Le vent se lève et court en sifflant devant elle
Il emporte chapeau puis rubans de dentelles
Ce n'est pas le frère qu'on rêve fraternel
Mais un chenapan voulant nue la femme belle
Sa petite soeur Toots l'a suivie dans le champ
Sa rousseur émouvante éclate en plein soleil
Elle rit, elle joue, fredonne son clair chant
Murmurant le conte où la fée fait la merveille
Les deux filles vaquant à leurs occupations
La grande s'éloigne un peu, serrant sur son coeur
L'objet si fragile qui contient sa passion
Et a voyagé loin, contre le Temps vainqueur
C'est un papier froissé au format d'une lettre
Hâtivement griffé d'une écriture exquise
Car elle reconnaît les mots vibrants de l'Être
Qui a pouvoir solaire à fondre la banquise
John Keats donne de ses nouvelles si lointaines
À sa fiancée perdue, Fanny Brawne, c'est elle
Qui poursuit les mots doux à en perdre l'haleine
Des mots fous aussi bien d'un amour immortel
Le poète a semé l'abondance des vers
C'est un homme qui est pauvre et tellement jeune
Il se sait pris d'une maladie très sévère
Attaquant ses poumons, l'obligeant aux longs jeûnes
John est à Rome où la femme, de l'Angleterre
Vole en songe auprès d'un tuberculeux à mort
Elle s'assied dans la lavande, solitaire
Au bord de faillir des durs mots d'un matamore
Il a dédicacé son tout dernier poème
Qui de John à Fanny, joint la postérité
Elle sait que jamais plus ils ne diront "j'aime"
Pour la jeune femme, c'est le suprême été
(John Keats, poète anglais, a aimé Fanny Brawne, ils allaient se fiancer quand il est mort de tuberculose, à 26 ans)
[Un film, "Bright Star" de Jane Campion, raconte leur passion. Un recueil de leurs lettres est paru.]
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 07/07/2019
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Merci de cette découverte et de cette fin | |
Zigzag |
Ah que j'ai aimé le film de cette histoire magnifique et tragique. Merci de leur rendre hommage Georges, poème subtil que je place en favoris ! Bon dimanche :-) | |
grêle |
Ah quel magnifique poème ! Pour cette histoire douce et folle qui se termine tragiquement mais que les mots du poète à sa bien aimée ont su garder immortelle ...je n'ai pas vu le film mais j'ai lu quelques vers dont : "je me souviens d'un arc en ciel que nous vénérions autrefois " Merci à toi Georges pour le partage et la poésie ! |
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Yuba |
Zigzag, Marine, Assia, je vous remercie d'avoir accordé du temps à la lecture de ce poème et pour vos appréciations très sympathiques ! | |
jacou |