Chienne de vie !
Cheminées crevant l'épaisse voûte des nuages gris
Les murs de brique ont sur la peau, la couleur noire
De la misère, des mains fébriles tracent graffitis
Et slogans syndicaux, telles des voleuses chaque soir.
L'usine avale la multitude des travailleurs
Dans son ventre, le bruit des machines tonne dans la nuit
La cadence infernale sue et transpire l'odeur
Des heures de fatigue et les plaintes meurent sous la pluie.
Elle ouvre sa gueule béante au jour qui s'est levé
Evacuant son urine d'hommes sur les pavés
Ils retournent la tête basse, les épaules enfoncées
Dans leur détresse s'égaillant dans leur triste cité.
Travailleur de ton état, tu es bon manuel
Fier d'aller œuvrer et accomplir ta tâche
En retour, toucher un salaire mensuel
Et la prime, là, tu te lisses la moustache.
Tu aimes ta femme et surtout tes trois enfants
Ils sont tout pour toi, tu ne comptes pas tes heures
Bosser pour un patron, ce n'est pas triomphant
Mais au moins tu as un boulot, t'es pas chômeur.
Tu pars tôt le matin, ton pas est lourd, pressé
Faut pas de retard, sinon tu es à l'amende
Payé au rendement, tu ne peux baisser
La cadence, il faut respecter les commandes.
Le soir, tu quittes d'un pas las et fatigué
Ton atelier, tout le jour, tu as sué
A fabriquer des pièces, ce n'est pas gai
Ton boulot, mais au fond, tu es habitué.
Avant de rentrer chez toi, tu vois les copains
Au café du coin, à boire ton coup, heureux
A taper le carton, tu n'es pas un rupin
Pour tes amis, tu es un pote chaleureux !
Retour à la maison, tu t'assis près du feu
A réchauffer tes mains, attendant le repas
Ton épouse a préparé un bon pot-au-feu
Et tes gamins te disent bonne nuit Papa !
Des années, de longues années de dur labeur
Une vie d'ouvrier, celle d'un obscur travailleur
Manuel de mon état, comme outils des mains
Des mains usées et fatiguées tous les matins.
Chaque jour, je quitte mon logis, il fait noir
Une journée de bruit et de sueur jusqu'au soir
Des cadences infernales pour un salaire si bas
Je compare cette vie de misère à celle d'un rat.
Aucun espoir de s'en sortir, de réussir
A quoi sert de vivre, de lutter, l'avenir
Quel avenir, celui du pauvre que je suis
Le spectre du malheur, de la mort me poursuit.
Écrit par CRO-MAGNON
Être doué en quelque chose, le talent se travaille mais le génie n'a aucune règle apprise et impose son style.
Catégorie : Amitié
Publié le 10/05/2019
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Flamboyant... | |
eric |
Une vie dans la résignation ...mais quand on a que ce choix ? Merci Olivier ! |
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Yuba |
Un tableau sombre de misère et de dignité. La lutte permet de lever la tête, ne pas se résigner. Merci Olivier de prendre souci de ta région. Le poète a charge d'hommes. | |
jacou |
Merci pour vos commentaires | |
CRO-MAGNON |
Très sombre mais surtout profond, je le trouve hyper bien écrit ce poème. Merci pour ces vers poignants Olivier | |
grêle |