En l'île du silence il isole un seul style
Qu'il a choisi parmi les couleurs de ses nerfs
Dans les rêves profus que la nuit lui distille
Sans fin depuis toujours d'images visionnaires
Il sait la douleur des animaux et des hommes
Ceux qu'on abat dans les usines à la guerre
Tous les troupeaux ne sont qu'à tuer bêtes de sommes
C'est là blessure atroce au flanc des soldats fiers
Ses amis les peintres suicidés par la drogue
Ont montré la voie à ne pas suivre d'instincts
Trop brutaux qu'un même art vous rend fous vous fait dogues
Des substances servant à l'oubli du destin
Alors il peint la nuit dans un atelier froid
Mangeant miettes de pain thon disputé au chat
Avale ce vin chaud dont la cambuse est pleine
Du liquide inflammable à déraciner chênes
La toile avance et le motif nu se précise
Femme éternelle et le bordel pour la dompter
Car l'homme a faim de viande et met à vendre assise
Sa compagne d'un jour trêve de société !
Le tableau s'est fini grâce à des amis nègres
Le musée des « arts morts » tués par l'Europe est bon
Picasso caresse un fétiche il est intègre :
Ne pas vendre ces « Demoiselles d'Avignon »
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 13/04/2019
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magnifique j'adore cette douleur de la création; ivresse à la fois dans un décor inhérent à l'artiste qui me souvient de quelque chose écrite . |
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marinette |
exigence dominatrice, douleur de l'enfantement sont le lot des créateurs de génie ..les artistes seraient ils d'une certaine façon, des héros de l'humanité..merci Georges.ton poème est beau ..bises! | |
Aria |
Ce poème à ta manière talentueuse Georges, touche la ligne mince qui fait qu'une oeuvre soit une innovation dans son genre ... J'ai appris grace à toi qu'Avignon ici ,est le nom de la rue ou se trouvait le bordel de Bercelonne ,l'art rejoignant ainsi le social. J'ai pu visionner également une vidéo qui explique les étapes de la genèse de cette toile, un travail collossal de Picasso qui a influencé d'autres artistes comme Georges Braque , un natif d'Argenteuil, dans son tableau également cubique ;" le grand nu "! |
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Yuba |
Marinette, grand merci pour ta sensibilité que tu as en partage avec tout créateur et artiste. La création est un enfantement douloureux où les entrailles souffrent, c'est certain. | |
jacou |
Dominique, merci beaucoup à toi, l'enfantement d'une œuvre est souffrance de séparation, l'art est à vif, surtout quand il accouche d'une nouvelle façon de voir le monde, inouïe et inédite, ce que fut cette toile de Picasso, que même ses plus proches amis peintres lui déconseilleaient d'exposer, car ils la trouvaient trop hideuse (c'était vers 1907) ! Tu demandes si les artistes sont des héros du genre humain ?... Oui, à n'en pas douter, car en faisant un jeu de mots ce sont des hérauts qui annoncent l'avenir de l'humanité, ils s'avancent dans le futur en inventant de nouvelles façons de voir et d'explorer notre réalité ! Bises ! |
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jacou |
Assia, mille mercis à toi pour toute la documentation que tu as vue, visionnée, lue, concernant Picasso et ce tableau majeur dans l'histoire de l'art. Oui, le peintre y a mis de lui et du temps, d'où mon hommage ! Et puis, ce tableau était le premier à abolir la notion de la perspective, vieille de 5 siècles dans la peinture occidentale. Aussi, il mélangeait des nus féminins à des influences venues de l'art africain, en une mixité terrible à l'époque coloniale, enfin une scène de maison close n'était pas faite pour arranger les choses. Alors, scandale dans l'art ! J'ai été scolarisé au lycée Georges Braque dans les années 80 : Argenteuil se souvient de ses artistes. De même il y a un collège Claude Monet (car Monet habita Argenteuil pendant 7 ans, autour de 1875-1880). |
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jacou |
Ce poème donne envie de se plonger dans l'art de Picasso, je trouve tellement difficile d'évoquer une peinture en poésie, et chez toi c'est très naturellement et délicatement que ta plume l'esquisse. Bravo et merci Georges pour "Art à vif" écrit de mots exquis | |
grêle |
Merci Marine. Je te raconte l'origine de ce poème : m'intéressant à l'art rupestre préhistorique, j'ai emprunté une tripotée de livres dans ma mediathèque. Parmi eux, un trésor, un livre sur les arts primitifs, rangés avec eux par erreur, car il y était question, certes, d'art rupestre, mais moderne, car dédié à l'art des Aborigènes australiens. Trésor, parce que l'auteur y a raconté une énigme pour moi que je poursuivais depuis longtemps et qui est la genèse des "Demoiselles d'Avignon" par le jeune Picasso. Pour l'auteur du bouquin, c'était une anecdote pour mettre en valeur le fait que les peintres nous apprennent à voir, ils formulent la manière dont nous voyons le monde (perspectives des tableaux de la Renaissance, cubisme après Cézanne, abstraction après Kandinski, dripping avec Pollock). Anecdote donc, d'où j'ai pu écrire ce poème qui éclaire à mes yeux la révolution qu'à apportée Picasso en détruisant l'art perspectif hérité de la Renaissance, remettant à plat 5 siècles de conventions artistiques. | |
jacou |
Ce cheminement me plaît beaucoup, l'inspiration de fil en aiguille est surprenante et enrichissante : tout est inspiration autour de nous, à nous d'ouvrir grands yeux et oreilles... | |
grêle |
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