Adolescence
J'ai aimé la violence, les am-bi-ances glauques,
Les lumières électriques et les sons synthétiques
Quand, dans les performances, des cochons aux cris rauques,
Poursuivaient des artistes aux démarch's éthyliques.
Sous les flashs des strombos qui découpaient nos vies
Pendant que la sono lâchait les bétonneuses,
Les clichés sépulcraux de toutes mes envies
Me brûlaient le cerveau en idées griffonneuses.
Quand hurlaient des sirènes en rage sur la piste,
Le bruit des tronçonneuses et l'odeur de l'essence
Achevaient sur la scène les derniers optimistes
En transes allumeuses de mon adolescence.
La vie était ici, les paradis lointains,
Et l'enfer un vain mot puisque dieu était mort.
Les atomes fissi-bles, les amours éteints,
Le froid des chalumeaux étaient mes oxymores.
Aux pigeons écrasés que les corbeaux dépècent,
À ces roses flamants dont les ailes s'arrachent,
Et aux crachats rosés qu'éructe la détresse,
Aux cris des goélands quand certains font naufrage,
J'opposais ma jeunesse en vibrant talisman.
Tout pouvait arriver et rien ne se produire :
La marche de l'ivresse est un grand caïman
Cloué comme une fée sur une broche à cuir.
Les regards et les mots portaient des masques peints,
Et des arêtes rondes griffaient mes aventures ;
D'étranges cachalots devançaient le destin
Et plongeaient aux eaux sombres leurs dernières sutures.
Au fond des lavabos que rougissait le sang
S'évadaient les chimères de rêves que j'aimais :
L'enfance et ses bobos avaient ce goût d'encens
Qu'allumait cette mère qui n'en revint jamais.
Aubépin des Ardrets
Écrit par AdA
Mais avant de goûter
La chaleur de la chair Je veux être hébété D'esprit tranchant et clair Catégorie : Divers
Publié le 11/03/2019
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formidable poème !vos souvenirs marchent à ma rencontre ..vos vers sont puissants ,émouvants et pourtant laissent toujours place au sourire..merci! | |
Aria |
Sonos, strobos, nous éblouissent dans ces jours fastes de la jeunesse, et alors dyonisaques nous enchaînons toutes les expériences juvéniles que le corps supporte. Nous testons nos limites, espérant n'en point avoir, jusqu'à ce que la cosse s'ouvre et révèle l'adulte plus timoré ou plus sage, c'est selon. C'est ce que m'inspire votre bon poème plein de peps et de flashes crépitant. Merci Aubépin. | |
jacou |
@Aria Merci ;-) Le partage, lorsqu'il résonne en autrui, est souvent une rencontre, et le sourire y tient une place importante : il permet de sautiller dans la vie ;-) @Yuba Non, j'avais les cheveux courts : ce n'est jamais dans un «re-père» que les fils trouvent leurs repères ;-) @jacou «la cosse s'ouvre» : j'ignore si ce fut le cas où si elle fut brisée, c'est sans doute le sens du dernier quatrain... Merci pour votre lecture. |
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AdA |
@ Ada , désolée si encore une fois j'ai mal compris votre poème : je décide donc de supprimer mon commentaire. Bien à vous . |
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Yuba |
@Yuba Les poèmes sont souvent de petits textes concentrant de vastes pans de l'univers de leurs auteurs et dont les résonnances peuvent être multiples et inattendues. Chaque compréhension ne saisit souvent qu'une partie de ces composantes ;-) Et je vous remercie de m'avoir ainsi fait découvrir le lien qui unit les «repères» et le «re-père» ;-) |
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AdA |
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