Je n'ai rien su demander à la vie,
Je grimpe des ambitions que je n'ai pas,
Les lettres du facteur me déçoivent trop souvent,
Rien, Rien, Rien n'est ici,
Ni l'espoir d'une route ni l'amour d'une hirondelle,
À aimer le bonheur, on déteste la nuit.
Il n'y a que des chuchotis d'espoirs en dentelles
Qui des fois reviennent, mais trop souvent s'enfuient.

Moi je marche sur la lune dans mon coin poétique
Et j'arrache les dunes, allongé sur ma crique.

Je n'aime pas grand-chose mais passionnément
Du soupir au sourire, il ne se passe qu'un instant,
Des pleurs aux feux de joie, juste un souffle, une brise :
L'entends-tu vrombir au loin, ce vent d'horizon ?
De routes en doutes, nous reculons,
De cri en cri, nous avançons.

Rien, rien, rien que mes pas sur ma terre,
Des baves d'escargots que je laisse dans les villes,
Je porte et je traîne ma lourde coquille vide,
Criminel de mes nuits, je ne veux plus dormir.

Ô Oiseau brûlant, je m'accroche à tes pattes
Vers les cieux des sanglots aux soleils disparates.

Moi je marche sur la lune dans mon coin poétique
Et j'arrache les dunes, allongé sur ma crique.

Que je meurs à l'instant où mes mots disparaissent !
J'en ai que trop peu, alors j'en fais des promesses
Je n'ai rien su demander à la vie
Ni l'amour d'une hirondelle ni la passion d'un singe
Les falaises tout autour esquissent mon destin,
Je ne suis qu'une libre carcasse sans les miens.

Moi je marche sur la lune
Et je dessine des ronces et des feuilles d'automne,
J'admire l'écureuil qui prépare son hiver,
Qui répare son nid, se croyant beau pivert
se croyant infini, se sachant à la terre.

Moi j'arrache les dunes
Au couteau bien aiguisé,
La folle jungle ne résiste
Qu'à mon corps, et non mes pensées.

Je n'ai rien su demander à la vie
Ni la beauté pour mon corps
Ni la richesse d'un grand trésor.

Je n'ai rien su demander…
Mais me voilà face à la mort
Et je ne sais rien de l'aurore.