La vie n'est qu'une lettre au bout du compte Un mot
Une épître de chair de nerfs d'eau et de sang
Un morceau de papier qu'on déplie en passant
Comme on cueille au printemps la fleur sur le rameau

Poète Un jour sans doute on t'a nommée ainsi
Tu n'avais aucun fard aucune simagrée
Bien que ton front fût las et tes yeux clairs Malgré
Tes lèvres et tes joues par le temps amincies

Ton chant restait celui d'un jeune rossignol
Et ton cœur enivré par d'infinies promesses
Comme un papillon vert que le soleil caresse
Semblait à chaque instant esquisser son envol

Comme un sanglot ton nom et mes mots s'entremêlent
Va N'arrête pas pour nous ta course en chemin
Prends un air grave et droit Tourne-toi vers demain
Laisse-là ton tourment et secoue ta semelle

Qu'importe au fond la rime au pied du vers levée
Tu n'es plus Mais la vie demeure en tes poèmes
Toujours je relirai tes mots Tendre bohême
Comme au pli de ta main une ode inachevée