J'aimerai conter le braille des écorces
Pour rendre les yeux clos, l'hommage des arbres,
Car la nature est prisonnière de nos maux
Soumise au talon de notre orgueil sauvage.

J'aurai bien traduit son amour au creux du soleil,
Mais notre espèce ne sait plus voir en elle
A quel point nous sommes les yeux qui donnons sens
En sa beauté magistrale, étouffée par nos désirs.

La technique se fait maîtresse de la laideur,
Tant elle est chez nous l'exhibition de la mort,
Et cela nous soustrait l'essence sensible
Que l'orfèvre ne compose plus sur les murs.

Ainsi, mère pâture, rends-nous d'un signe
La vertu ignorée dont n'usent plus les miens
Parce qu'ensemble, nous ferons naître des jardins,
Bien que je sais que nous n'en sommes plus dignes.

Alors, légiférons sur les toits du monde
L'ordre minéral tapissé de verdure,
Et voyons vibrer par la lumière innocente
Le bonheur d'une fleur, dans le regard des hommes.