Te souviens-tu de notre amour admirable enterrant nos orgueils cachés ?
Te souviens-tu des passants jaloux de nos symphoniques baisers ?
Te souviens-tu des instants véritables où plus rien n'avait de sens que la nuit ?
Dis, m'aimes-tu encore ?

Te souviens-tu des balades bord de seine, quand, à trop rire, nous cherchions silence ?
Te souviens-tu des jours de paie quand nous allions boire jusqu'à ce que la lune danse ?
Te souviens-tu quand tu étais ma reine, et que moi j'étais sans le sous ?
Te souviens-tu de nos vacances en Auvergne, quand les volcans étaient à nous ?
Tu ne t'en souviens pas ?

Te souviens-tu des caresses réchauffant nos froides jambes mélangées ?
Te souviens-tu de la promesse de ne jamais se dire « je t'aime » ?
Par peur de casser l'élan d'amour, de découverte, de jeunesse
Non, on ne s'est jamais dit je t'aime, même trente ans après.

Te souviens-tu des fois où nous dormions ensemble et qu'au matin nos rêves s'assemblaient pour décrire une seule et même histoire ? Te souviens-tu de comment je t'appelais ? Te souviens-tu de mes poèmes sur ta chevelure dorée ? De toutes ces années ? De Gaston ? De Lucie ? Te souviens-tu de la balade en hivers sur la plage où nous nous croyions en été, et que nous étions corps nus malgré le vent glacé ?
Non ?

Te souviens-tu, dis-moi,
Te souviens tu ne serait-ce que de mon nom ?
Ah, tu ne t'en souviens pas...

Tu n'as jamais voulu de moi ?
…
Je ne m'en souviens plus,
J'ai trop pensé à toi.