La ruelle est vide.
Ses pas martèlent le goudron.
Maltraitent le macadam.
La nuit tombée sur lui, luit de sa noirceur infâme .
La lampe à huile luit d'une clarté phosphorescente.
Il stoppe ; son cœur court pour lui.
Des branches opaques s'animent dans la nuit.
Un chant profond, en bémol ! La chauve-souris !

La ruelle est vide.
La lune exalte sa face livide.
Sa face cachée s'enfonce sur la chaussée.
Ses tendons tremblent, ses lèvres frémissent.
Au loin, se désaccorde un piano languissant
Les nuages de brume embrassent la flamme de minuit
Dents serrées, des voix lui parlent d'un ton glissant

La ruelle est vide.
On y vit des enfants enfouis sous des costumes.
Suçant des sucreries, écarquillant des yeux rouges et globuleux.
L'oxygène pèse, oppresse, empeste les cendres.
Les fenêtres fument.
La citrouille menaçante sourit, d'un rictus fabuleux.
Un rire nasillard se répand, un sinistre hurlement
Disperse les esprits désertant les Enfers.
Plus rien ne les distingue des âmes mortelles.
La palette est noire, le spectre est orange, qui,
Frissonnant de joie,
Peuple la ruelle.