Je ballade mon corps enivré dans les rues
A prêcher dans le froid ma litanie occulte
Interpellant ce dieu qui ne m'a secouru
A qui pourtant j'ai voué le plus fervent des cultes.

Vois-tu donc ma folie suer à pleines larmes
Ricocher contre les parois de mon esprit
Ton silence est mon phare au milieu du vacarme
Qui se mêle, intrusif, à mes mots incompris.

Car ils ont la douceur d'un pavé dans la gueule
Mes poings cognent les murs et j'ai les vers à vif
Pieds et quatrains liés, ma peine est mon linceul
Cousu de tes lèvres d'un velours abrasif.

Mon angoisse a le gout du sang que j'ai versé
La déraison me tient, le spleen a fait le reste
Je divague sans fin à trop tergiverser
Mais je sais que m'attend un destin plus funeste.

Et si lourde est ma croix qu'elle me porte alors
C'est un doux sentiment que de voir en plongée
Défiler l'air hagard vos regards incolores
Et les murs décrépis que toujours vous longez.