La campagne de Vitoria – Le 21 Juin 1813 -
La plaine était fumante en cette aube de Juin
Le soleil se levait encore incertain,
La brume dessinait d'étranges ombres chinoises,
A l'horizon trottait une Compagnie Hongroise
Qui donnait l'illusion, dans le jour qui naissait,
D'une horde de fantômes, de spectres, de feu-follet.
Un chêne décharné aux longs membres crochus
Exhibait froidement, quelques pillards pendus.
Des corps jonchaient le sol, des blessés expirants
Appelaient "au secours" tout bas, en gémissant,
Ils savaient à coup sûr qu'ils allaient tous périr,
Les morts à côté d'eux, commençaient à pourrir,
Le champ était morbide, la mort fauchait partout,
Les uns recroquevillés, les autres à genoux
Les chevaux éventrés aux poses ridicules,
Les canons explosés dessus le monticule,
L'abandon des drapeaux plantés au beau milieu
Cet homme en contrebas, transpercé par un pieu,
Les charrettes embourbées, lourdes de munitions
Arrivées bien trop tard vers leur destination.
Et cette puanteur qui montait vers le ciel,
Nauséabonde, irrespirable, pestilentielle.
Deux soldats à cheval avançaient prudemment
Les galons de l'un deux le disait lieutenant,
La tête des chevaux dirigée vers le bas
Pour éviter une jambe, un buste, un bras,
Le deuxième reniflait, un mouchoir sous le nez
Essuyant quelquefois des larmes qui coulaient
Ils s'étaient engagés dans cet endroit funèbre,
(Qui restera longtemps une place célèbre,)
Pour une estimation des morts et des blessés
Que les Etats-Majors leur avaient commandée.
A quelques mètres d'eux, fièrement immobile,
Deux soldats espagnols, sans intention hostile,
Tenaient leur Andalou d'une main par la bride,
Une carte des lieux de l'autre main valide.
Ils avaient retrouvé, miraculeusement,
Pour l'un le commandant, pour l'autre son enfant,
Il était adossé contre une roue de charrette
Serrant d'une main son ventre, de l'autre une baïonnette.
Ils passèrent à côté, tout juste à quelques pas,
Au prix d'un gros effort, il put lever le bras,
« Caramba ! » avait dit le père en le voyant…
C'est à ce moment-là, qu'ils virent les assaillants.
Écrit par namathhura
tenir et durer
Catégorie : Divers
Publié le 28/02/2014
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Quel tableau ! Quelle de scription ! Je n'aime pas trop les longs poèmes, et pourtant j'ai dévoré celui-là. Les images surgissent à sa lecture, les odeurs, les ambiances. C'est très réussi ! | |
Marouette |
Excellent ! | |
Mokolo |
Merci Marouette et Mokolo, effectivement le tableau est un peu long mais il ne pouvait en être autrement, il fallait qu'il "sorte " et c' est fait, il est quasiment sorti d'un seul coup, avec assez peu de corrections, vu le contenu. As-tu-lu "Le Cri" ?. Il est plus court mais son contenu est aussi fort. Merci les Amis |
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namathhura |