Le soleil se déguise en lune,
Il fait très froid dans les chemins,
Le brouillard cache la commune,
Les toits les champs et les jardins.

Le vent soulève une ou deux tuiles,
Au loin l'on entend les grands loups,
Qe le sorcier mène dociles,
Dans la forêt de Bragadou.

L'odeur de corne brûlée monte,
Au-dessus de l'eau du canal,
Une petite enfant remonte,
Jusqu'à la cour du maréchal.

Ses joues sont rouges, de vraies pommes,
Et elle souffle sur ses mains,
Elle aime bien voir le bon homme,
Ferrer les chevaux ses copains.

En passant tout près de l'école,
On voit derrière la fenêtre,
Les enfants, Jean, Simon, Nicole,
Peinant sur la dictée peut-être.

Monsieur le curé marche vite,
Vers la maison du percepteur,
Saintes huiles dans sa lévite,
Les saintes hosties sur son cœur.

Le long de la rue St Eloi,
Se hâtent deux beaux amoureux,
Serrés, serrés ! il fait si froid !
L'hiver qui vient sera poudreux !

Viens donc te fourrer sous la couette !
Dehors il fait un temps de gueux,
Viens sur mon cœur, Antoinette,
Les oiseaux sont bien miséreux !

Demain tu leur mettras des graines,
L'eau fraîche et un peu de saindoux,
La glace fige les fontaines,
Je t'aime tant, ton cœur est doux.

Entends donc la cloche qui sonne,
Vers le couvent des chères sœurs,
Dehors ne passe plus personne,
Dedans se réchauffent les cœurs.

Poème par flipote