Voilà maintenant six mois, belle demoiselle,
Que votre immense beauté me tient sous son joug ;
Six mois qu'en vain mon pauvre cœur cherche partout
La clé du vôtre qui contre lui se rebelle !

Belle Arnice, certes l'amour est un délice,
Mais qui aime sans être aimé court au supplice ;
A présent, mon pauvre cœur, jadis si hardi,
Renonce à la quête de votre paradis !

Eh oui ; combien avons nous parcouru de miles
A marcher dans vos pas à travers cette ville ;
Et combien avons nous écrit de vers en fleurs
Pour avoir l'hospitalité de votre cœur ?

Oui ; à vos pieds, nous avons posé bien des fleurs,
Et dans vos pas nous avons versé mille pleurs,
Mais tout ça ; et nos vers ; et nos pleurs et nos roses
Ne sont, à vos yeux si beaux, que bien peu de choses !

Beauté ; j'ai enfin déchiffré votre silence,
Et à présent, j'en saisis toute l'éloquence,
Qui me dit qu'une fée, comme vous, si bien faite,
Ne peut aimer un pauvre homme, fut il poète !

Adieu ; joyaux réservé aux seuls yeux des rois,
Car jamais plus vous n'entendrez parler de moi,
Poète infortuné dont les seules richesses
Ne sont que son cœur, ses chansons et sa jeunesse !

Koudougou, septembre 1999