Fée qui me fit gouter de l'amour les délices
Pour enfin me jeter en pâture au supplice ;
Femme au teint de nuit, femme de rêve, O Carine ;
Je relis les lettres peintes par ta main fine !

Oui ; irrésistible furie déguisée en muse,
Toi que j'aimai d'un amour pur comme clair eau
Et qui me rendis mon cœur en mille morceaux,
A relire tes lettres d'amour j'en abuse !

Je relis tes promesses d'infaillible amour,
Je relis tes rêves d'amoureuse pucelle,
Et je souris aux narrations sans nul détour
Que tu fais de toutes nos cabales rebelles !

Je relis tes projets de nos congés à deux,
Projets qui, aidés par le parfum d'eau de rose
De ton stylo, enflammaient mon être amoureux,
Comme un laid écolier en proie à l'overdose !

Sadique Carine, bel amour de mes jadis,
Toi qui par ton départ m'exclus du paradis,
Te relire c'est revivre le coup de glaive,
Mais je choisis de relire tes lettres ; sans trêve !

Je les relirai jusqu'à la fin de mes jours,
ET elles me rappelleront que j'ai connu Amour,
Que j'ai été aimé d'une belle princesse,
Qu'il n'est point, hélas, d'amour qui vive sans cesse !