Je viens à vous, pères, O pères de mes pères,
Vous dont la chair et les os fermentent nos terres,
Et je voudrais emprunter de vos grands griots,
La science unissant grâce et souffle avec brio,
Pour rendre hommage à une sœur pleine de verve,
Qui nous fit offrande de son cœur, sans réserve !

Rendons hommage à l'héroïne méconnue
Dont le cœur brava les craintes de l'inconnue,
Endurant les dures rigueurs de la savane
Comme Christ sentant les épines dans son crâne,
Pour partager de vos fils le lot de douleur,
Et leur apprendre à réinventer le bonheur !

Comme tout enfant quittant sa mère en bas âge,
J'ai un souvenir confus de ton blanc visage,
Mais je me rappelle la douceur de tes mains ;
Oui ; de la magie de tes mains je me souviens,
Qui avaient l'art de changer nos pleurs en gais rires,
Rires qui noyaient de nos mères les soupires !

Maline ; belle femme au blanc cœur si hardi,
Toi qui sus aimer l'enfant que j'étais jadis,
Et qui changea nos cauchemars en paradis,
Le grain, que sema ta tendre et fine main blanche,
A vu le jour avec une hardiesse si franche,
Que ses beaux fruits, jusqu'au sol, font ployer ses branches !

O grand cœur qui fit de nos misères les tiennes,
Sache que ta générosité ne fut point vaine !
Ma vie s'est versée dans la garde de nos terres,
Et les nobles charmes de la vie militaires
Ne m'ont guère laissé le temps de prier Dieu
Pour fuir de mon « Monom Tinga » vers d'autres Cieux !

Des enfants qui, à la lumière de l'école
Que ta main généreuse a fait pousser de sol,
Ont bu de Connaissance les douces paroles,
Certains reposent dans de paisibles tombeaux,
D'autres ont fui vers des cieux qu'ils jugent plus beaux,
Mais beaucoup sont restés qui servent le drapeau !

Longue vie à toi, O généreuse Maline !
Que ta vie connaisse la présence divine,
Et que tous les enfants d'Afrique, comme moi,
Trouvent en chaque femme blanche une autre toi,
Pour témoigner leur reconnaissance éternelle
A une grande Samaritaine si belle !