Je ne dirai plus d'elle,
Que je l'aime toujours,
Car elle a disparu.
Ses frissons ont été,
De lointaines ébauches,
Des ratures muettes,
Qu'on ne peut oublier.
Et ses regards discrets,
Fugitifs et cachés,
Pour moi, pesaient autant
Que de lourdes enclumes.
Je me souviens encore,
De l'odeur de sa peau,
De son rire fluet,
De toutes ses manières.
Où sont-ils ses baisers,
Timidement lancés,
Vers moi du bout des doigts ?
Et ses signaux muets,
Noyés dans la tempête,
J'aurais dû les capter
Et les accaparer.
Je ne conserve d'elle,
Qu'une boîte vieillie,
Qu'un couvercle rouillé
A du mal à sceller.
Là je sais que se trouvent,
Mes douloureux trésors :
La trace d'un baiser,
Volé en fin d'automne,
La pression de sa main,
Sur mon bras étonné,
Son frôlement de hanche,
Un doux matin d'été,
Ses parfums préférés,
Shalimar de Guerlain,
Jardins de Bagatelle,
Chanel numéro cinq.
Ce sont des souvenirs
De senteurs disparues.
Chacun d'eux a marqué,
Un endroit, une époque,
Tel fer rouge, brûlant,
Le dos du prisonnier.
Chacun d'eux a été,
Un enfer et un baume,
Un tout petit ruisseau,
Un fleuve tourmenté.
Je garde ses effluves,
Comme un contrebandier,
Stockant dans son grenier,
Les maigres victuailles,
Des bateaux éventrés.
Elle est un souvenir,
Une forme incertaine,
Vertige de mes sens,
Idée évanescente.
J'attendrai son retour…

Virgile.