Ses yeux d'Automne avaient la couleur des feuilles mortes.
- Vous avez un physique intéressant...
Je regrettais bien vite mes paroles qui s'étaient échappées de ma gorge
comme des bandits de grand chemin.
Elle me regarda comme si je tentais de lui vendre de la morue surgelée.
Je voulus m'excuser, mais mes mots s'évaporèrent au contact de ma langue desséchée.
Elle restait immobile. Elle tenait, dans sa main gauche,
une grosse aubergine sombre et brillante.
Moi je voulais peser quatre tomates du Maroc
sur la petite balance électronique du rayon fruits et légumes de la grande surface.
On était là, plantés comme des clous immobiles, bien rivés dans notre gêne.
C'est vrai qu'elle était belle.
J'étais comme un tireur de canon maladroit
qui avait raté sa cible d'au moins deux kilomètres.
Résigné, j'abandonnais l'affaire
en lorgnant une autre balance située près des pommes de terre.
Mes s'épaules s'affaissaient au fur et à mesure
que je marchais comme un zombie décérébré
en essayant d'éviter les autres clients indifférents et pressés.
J'entendis alors, dans mon dos, la voix de la belle qui me hélait :
- Monsieur, monsieur, vous savez faire une moussaka ?
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Amour
Publié le 30/10/2018
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Sensualité et érotisme (ah ! l'aubergine...) au rayon des légumes et à la caisse du magasin : quand la rencontre de deux êtres en amour devient une recette de moussaka, je dis félicitations pour la mise en scène et le choix sûr des mots ! | |
jacou |
C'est un bien charmant poème, qui a réussi tous ses clins d'oeil ! La moussaka préparé par un voisin grec , j'en connais aussi tout un rayon ! lol! Merci Virgile ! |
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Yuba |