Dans l'œil du désir, ce fut un profond regret
Comme un fleuve incassable, son parcours
Se réfléchit sur l'au-delà de l'âme
Je comptais mes innombrables ombres
Quand la lumière atteignit
La paume du crépuscule…
Puis je recomptais les moments errants
Qui frôlèrent une enfance amputée
Depuis ses racines renouvelables…
Je ressentis la lourdeur
Des ténèbres torturées
Sur le dos de ma main et sur les yeux de mes yeux…
La tourmente enveloppa un corps sans squelette
Dont les os furent absorbés par une fatigue nonchalante…
C'est ainsi que mon père avait la manie
De faucher le dernier épi abondonné
Certainement par ses ancêtres dans un champ de neige
Par sa sueur exténuée…
Il raisonna tel un mont brûlé :
"Le teint ne perdrait pas son éclat encore frais
S'il ne taquinait point la progéniture d'autrui…"
Mais l'épi se fana sur la paume étincelante…
Et la paume se détacha du blé amer
jusqu'à nouvel ordre…
Tout devint incontestablement une cicatrice
De rien du tout
Une fausse manœuvre dans les traits de ceux
Ayant choisi l'audace du démon…
Dans un réveil matinal, au moment
Où la ville fuma son dernier élan
Le soleil se révolta et rejeta
La tutelle des nuits ambulantes…
A cet instant là, je croyais tout faire
D'emblée sans même penser à la rançon
Exigée par le souffle encore chaud
Dans les narines imbibées…
Mais je me suis retrouvé seul,
Face à un dilemme indéchiffrable.

Oran le 28/01/1990