Ô, lunaison lointaine et astre des marées.
Mon cœur vogue humide d'une âme chavirée.
Le clapotis furieux des vagues, douleur des goélands
Clameurs d'oiseaux ribauds sur les digues de l'océan.

Île isolée plantée de pailles, femmes enceintes
Dansant sur les vapeurs de l'azur.
Des enfants et du bois que portent les murs
Rumeur lancinante d'un pleur, d'une fleur défunte.

Illusion et mirages vont et me racontent
Le combat de la vie et de la honte
Les couleurs assassines d'un oiseau
Et sa liberté sans dimensions, sans eau.

Troublante émotion d'un corps grevé de sable
Epuisé de lumière et couché sur la mer
Le fantasme idiot d'une beauté amère
Le futur finit gravé sur un grain, sur un coin de table.

L'apparition soudaine d'un chagrin, d'un pleur
Un nuage méchant, la pluie se meurt et demeure
Je m'assois sur un caillou mouillé de mer
Où s'agrippe une étoile qui se moque de la terre.

Des amants s'aiment sur ces couchants
La plage féconde les oiseaux où niche le vent.
Ils vont viennent comme les vagues
Les sueurs des corps et des cœurs qui divaguent.

…

Dans mon appartement vert et gris
Où gîsent les livres dans la poussière
J'imagine un horizon qui rougit
J'écris sur l'océan aveugle de ma misère.