La neige tombe à ma fenêtre embuée.
Se colle un chat qui me tâche de poils.
La neige plombe et elle s'averse d'une nuée.
Se colle mon chat sur un tapis et sous le poêle.

Un théâtre de banlieue éclairé d'un réverbère
Une foule pressée, étouffée de flocons.
Je vais à la vitre et je peints des moutons
Sur un verre étriqué par l'hiver.

Je fume au café et je te dessine un cœur
Sur le coin d'une fenêtre embuée.
Décharné, d'une nuit sans rêve,
Tu esquisses un sourire noué de tes lèvres
La perle d'écume de la mer à ta suée
Après cette nuit cernée des murs de douleur.

Me vient, comme la neige qui se colle,
Le désir de pleurer sur un coin d'espace
Lézarder ton mur et mon corps
Aux souvenirs de l'été.
Me vient dans une confiance folle
L'envie de débarrasser ce qu'il me reste de place.
…
Pour un morceau de glace
Un rire sur un défaut dénoté
L'idée encore de grêler de lumière
Le lieu où reposera ton corps.

« Viens dans une fourrure t'allumer du feu
Viens lézard. Viens soleil amoureux
Des cuirs et des flocons de blés
Viens brûler la Marianne aux enfants lépreux
Viens te réclamer de l'été. »

Mais la neige continue de tomber
A ma fenêtre et dans les yeux de mon chat.
Le café fume comme tous les cafés.
Froid et désaimé je m'en vais marcher.
Un quotidien neigeux.
Mais loin comme un soleil se dresse un phare
Où la mer s'écume et me ramène des éclats de glace.

Tu me percute de ton quotidien
Maquillé de far neigé d'un faux teint
Tu renverses ton café et tu t'inverse
C'est de mes fautes que tu te retiens.

J'aime l'eau née d'un coton de pluie
J'aime le feu du rouge de tes lèvres.

La neige tombe…