Un drap couvre son corps
Son visage endormi
J'espère l'accalmie
Quelques minutes encore

Dans ses yeux la folie
A cessé de danser
Ses paupières sont fermées
La belle s'est alanguie

Son souffle est si discret
Que parfois je prends peur
Éphémère terreur
Que la vie l'ait quittée

J'entends souvent sa voix
Me murmurer "je t'aime"
Fol espoir qui se sème
Et fait germer ma foi

L'oreille sur sa poitrine
J'écoute battre son cœur
Métronome salvateur
Mes craintes mises en sourdine

Le sourire qu'elle dessine
Chante qu'elle est loin déjà
Enfin loin de ses peurs
Je la lis, je devine

Qu'elle est partie en rêve
Vers la lune, l'océan
Vers un songe assez grand
Pour lui offrir une trêve

Loin du monde qui la blesse
De ces jours de malheurs
Les joues mouillées de pleurs
Elle goûte la tendresse

Un écrin de satin
Protège ses chairs d'enfant
Et calme les tourments
Qui torturent mes mains

Prises par de noirs desseins
Comme caresser sa peau
Faire perler goutte d'eau
Sa rosée du matin

Je brûle de l'embrasser
De parcourir ses lèvres
Pour éteindre ma fièvre
Lui voler un baiser

Mais je reste immobile
Là, allongé près d'elle
Je regarde ma belle
Envoûté et servile

Je n'ose la toucher
Prince aux charmes fatigués
Peur de la réveiller
De la voir s'envoler

A l'aube elle sortira
De ce monde onirique
Fin des instants magiques
La vie l'emportera

Elle redeviendra femme
Et brisera le charme
Je déposerai les armes
Paierai ses états d'âme

Ses doutes, ses turpitudes
Démons dans l'ombre tapis
Mes blessures, insomnies
Mes peines, ma solitude

Mais pour l'heure je m'enivre
De ses fragrances intimes
De ces effluves sublimes
Que seul son corps me livre.