Avoir un verre à soi, un passeport pour la joie
dernier ami sincère, d'un vieux singe en hiver
le remplir, le vider, l'écouter se confier
jusqu'au bout de la nuit jusqu'au bout de l'ennui

Se noyer dans l'ivresse, baigner dans la tendresse
de ce monde de coton, l'alcool comme un cocon
qui protège de la vie, ses douleurs, ses envies
puis qui vous rend serein, en attendant la fin

Avoir un ver à soie, chenille de compagnie
une amie pour la vie, qu'on soigne qu'on chérit
la regarder tisser le fil de mes pensées
douces comme un fil de soie, fil dont on fait les bas

Des bas pour habiller, pour vêtir, pour orner
la dame dont j'ai rêvé, celle que j'ai inventé
elle veille sur mes nuits, puis au matin s'enfuit
me laissant à genoux, autour de moi les fous

Écrire des vers de soi, partager ses émois
libérer ses pensées, les laisser s'envoler
tâtonner dans le noir, rechercher un espoir
parfois pour avancer, souvent pour pas crever

Toujours se raconter, mais d'un crayon distrait
qui danse sur la feuille quand mon esprit s'effeuille
écrire ce qu'on ne sait pas dire, de peur de voir sourire
un peu se mettre à nu, toute pudeur perdue.