Bon nombre de mes congénères
Aiment pour fuir les jours pluvieux
Pour dégeler un peu leurs artères
Combler le néant dans leurs yeux

Se plonger la tête la première
Dans les pages d'un journal crasseux
Se délecter de la misère
En un mot lire les faits divers

Et moi qui ne suis pas mieux qu'eux
Mais qui du monde me soucie peu
J'ai voulu essayer ce jeu
À mon tour me souiller un peu

C'est l'orthographe qui m'a trahi
Moi l'abruti, simple d'esprit
Voulant me saouler d' faits divers
J'ai sombré pour une fée d'hiver

Une fée d'hiver aux yeux si clairs
Une petite princesse éphémère
Un conte de fées que j'ai rêvé
Pour m'éveiller les yeux mouillés

Comme j'avais peur de la toucher
Pour surtout ne pas l'abimer
Je l'ai couchée sur le papier
Lui ai inventé un conte de fées

La belle s'y est promenée
Mon monde à ses pieds l'a charmée
En échange elle s'est proposée
D'éclairer mes nuits mes journées

Mais l'amour s'use à la lumière
Enfin c'est ce qu'on m'a expliqué
Je n'ai pas su dans l'ombre la cacher
J'étais trop fier de la montrer

Comme dans les contes de fées pourris
Un prince à la con a surgi
Son cheval blanc et son épée
Ont suffi à me l'enlever

Ma fée d'hiver en un éclair
M'a précipité en enfer
Les contes j'peux plus les encadrer
Même la clochette me fait gerber.