Il n'est pas loin le temps où devant un visage,
Offert à nos regards, nous pouvions évaluer,
Sans crainte d'une erreur, à peu de chose près,
Ce qu'il était séant de penser de son âge.
Fardées comme il se doit, tout à leur avantage,
Nos consœurs, parfois, faussaient le pronostic,
Et en étant conscient de l'illusion d'optique,
On cernait néanmoins de la vie les outrages
Aujourd'hui, il nous faut dans cette estimation,
User d'une prudence infiniment plus grande :
Les rides ont disparu, quant aux seins, ils prétendent,
Siliconés de neuf, à nous faire illusion
Aux mains de chirurgiens de plus en plus habiles,
Sont confiés, à grands frais, les ravages du temps,
Et les « mémères » d'hier, aux soixante printemps,
S'offrent un coup de neuf qu'elles croient indélébile
Et ce nouveau credo fait encore des émules,
Il ne faut pas vieillir, on se doit d'être beau !
Le nez proéminent ? vite un coup de rabot,
Et deux doigts de Botox pour combler les ridules !
On ne peut rien changer à ces tristes pratiques,
Bien éloignées des fards dont usaient, autrefois,
Ces femmes qu'on connût, maquillées, oui, parfois,
Mais belles à damner en leur beauté biblique
Ainsi va le progrès, disent ceux qui encensent
Ces accommodements à la mode aujourd'hui.
Ne jetons pas l'opprobre à ceux qui les dispensent,
Ni aux clients friands de cette chirurgie.