Prologue

C'est en ce vendredi de nouvelle année,
Fin de journée, la nuit va tomber,
Que je me propose de vous conter
Une idée qui traversa mes pensées.

Cette histoire ne cesse de s'écrire,
Et de cette vie m'en vais griffonner;
Un petit chocolat pour tenir,
Et me voilà prête à démarrer.

"Prisonnière de bibliothèque"
-- chapitre I --

Ô chose! Ô monstre, ô toi blob;
Quand je te vois, tu m'englobes,
Je te contemple et mon âme tu dérobes,
De ce miel délicieux tu m'enrobes;
Et, rehaussant ta superbe robe,
Tes confidences, susurrées, que je gobe.

J'ai souvent vu ces vieux meubles,
Comme un monstre, et comme un amant.
Il est inhumain de savoir autant,
C'est avec eux que mon temps se meuble.

Monstre...

...par tes formes, peu de courbes sur ton corps,
A la peau de bois, truffé d'angles morts.
Autant d'yeux que d'ouvrages sur l'Egypte,
Insondables, dévisageants de ta crypte.
Tu me dépasses de tant de têtes,
Tes contours aux raides arêtes,
Voûté sous un poids inhumain,
Et aussi immense reste ta faim.

Sorcellerie! Abrupts tes traits,
Démon livresque, tu m'effraies;
Un visage meurtri par le temps,
Poussiéreux de temps en temps...
Quand Faust s'extasie devant ses symboles,
Fait partir l'esprit appelé sans obole,
C'est un peu de moi que tu prends.
Quoi, dévores-tu même les innocents?

Amant...

...par tes fables aux goûts si variés,
Tout délicieux, vernies saveurs boisées,
Celles que tu me racontes en chuchotant,
A mon chevet le soir au ponant.
Tu as hanté mes jours et mes nuits,
Hier et encore aujourd'hui;
Ô toi, je te dédie même ce poème,
Un roman pour te dire: "je t'aime".

Je caresse rêveuse tes reliures,
Fantasmant dans mes idées de luxure,
Sur ton corps des odeurs sensuelles,
Tu fais l'amour à Mademoiselle..
Mes lèvres frottent le vélin des livres,
Toute entière à toi, ainsi je me livre.
Ô toi, je te dédie même ce poème,
Un roman pour te dire: "je t'aime".