Un jour
Vous songerez à mon modeste propos
Vous verrez cet arbre sombrer
À l'usure des pluies
Dans la ravine
Puis lentement
Ce bois séculaire céder
Sous l'assaut des perles chagrines
Mon corps de pauvre homme
Marcher dans la bruine
Vers le néant des argiles

Ah ces mille choses qui façonnent
Notre vie
Un jour poète
Je penserai à toi
Je marcherai jusqu'à ton granit
J'irai te voir
Lorsque tu auras déversé
Tout ton chagrin
Dans les feuilles
J'ouvrirai ton album de souvenances
Ta main chaude dans la mienne
L'escalier qui craque sous tes pas
La frêle araignée
À l'angle des fenêtres
Leurs fils d'argent de rosée
Allant au chahut des bises
La braise qui tombe en cendres
Cette table ancienne usée par vos mains
Ce rosier qui brandit ses épineuses espérances
Ces bourgeons gorgés du chêne
Ta tendre main sur la poignée des portes fermées
Ah le dernier son de l'horloge
L'ultime heure au bout de la vie
Que d'images à porter
Ces fleurs qui perdent leurs pétales
Sur le bois verni d'un vieux meuble
Ta robe qui se dérobe
Un soir de juillet
Voilà
Il ne reste que le beau
Au soir des existences
Et ce beau-là
Je l'aime avec envie
Comme un homme en vie
Posant de rouges baisers
Sur le rouge des coquelicots