*A mon grand-père*

Le visage buriné, souriant de ses rides,
Coiffé d'un feutre noir sur son regard placide,
La bonhomie fait homme, tel était mon grand-père,
Sa grande bienveillance était son savoir faire.

Plié par le travail, beaucoup plus que voûté,
Agrippé sur sa canne tout désarticulé,
Ainsi va mon grand-père parcourant les chemins,
Que des fils invisibles le mènent comme un pantin.

Que d'années de misère et de besognes ardues,
Façonnèrent son corps et le rendirent bossu,
Sa silhouette cassée devenue légendaire,
Chacun en le croisant saluait mon grand-père.

J'adorais mon aïeul qui jamais ne geignait,
Sans rancune pour la vie gardant que les bienfaits.
Il nous parlait de tout mais très peu de lui même,
Vivant comme un ermite mais jamais en carême.

Sa demeure ressemblait à l'antre de Vulcain,
Dont les forges auraient, de noir, tous les murs peints,
Percée d'une fenêtre dont les vitres opaques
Ajoutaient du mystère à sa vieille baraque.

Sitôt la porte franchie, deux marches dévalaient
Dans la cuisine noircie où la pénombre régnait.
Même au fort de l'été la cheminée fumante,
Hantait murs et plafond de ses flammes dansantes.

Assis sur son vieux banc, mon grand-père contemplait
Sa marmite de fonte d'où sortait un fumet,
Eternel pot-au-feu mijotant sur les cendres.
Aujourd'hui comme hier je venais le surprendre.

Son très large sourire, tout bronzé par les braises,
M'accueillait gentiment en me mettant à l'aise.
Deux baisers bien sonores sur ses rides profondes,
Assis tout contre lui la tendresse nous inonde.

Aucun mot ne venait troubler notre silence,
Malgré mon très jeune âge, je mesurais la chance
D'avoir un tel grand-père qui exauce mes envies,
Ne pas devoir mendier cela n'a pas de prix.

La quiétude de grand-père ne fut pas respectée,
La guerre de quarante l'a encore mutilé.
Déporté par le flux d'un exode sans nom,
Sur les routes de France bien loin de sa maison.

Maintenant il repose dans une terre étrangère,
Son âme je le sais n'y est pas prisonnière,
Scintillante dans les cieux au plus noir de la nuit,
Je regarde le ciel et je sais que c'est lui.

André le 08 mars 1996

Écrit par mameralice
J'ai tellement pris à la vie, je ne peux que lui rendre.
Catégorie : Divers
Publié le 15/03/2009
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 15/03/2009 à 14:36:56
quelle chaleur dans cet hommage Bravo !
stef31
Posté le 15/03/2009 à 17:54:51
mameralice,

quelle douce et belle tendresse dans cet hommage ... magnifique écrit, et très agréable lecture, des images et des parfums l'ont joliment agrémentée ...
marie-ange-old
Posté le 26/03/2009 à 18:31:24
Ce bel hommage a fait surgir de l'oubli le souvenir de mon propre grand père . Il y a décidément dans tes textes André de quoi m'émouvoir. Merci pour tes talents d'écriture qui te permettent "de rendre à la vie" avec beaucoup de sensibilité. Mado
Mado
Posté le 30/03/2009 à 18:05:15
Chère "Mado"
Toujours aussi encourageante dans vos remarques et j'en apprécie d'autant plus le bien fondé, qu'elles vous remémorent de communs souvenirs...
Très amicalement
André
mameralice
Posté le 22/11/2010 à 22:45:48
magnifique plein d'amour et de foi,,,,
flipote
Posté le 03/12/2010 à 11:49:56
Cher Stephane
"Chaleur" le mot est juste, surtout quand nous étions devant la cheminée...
Grand merci
Amicalement
André
mameralice
Posté le 03/12/2010 à 11:54:59
Chère Marie-Ange
Merci de vos louanges sur cet écrit que méritait, Ô combien, ce cher grand-père dont je porte fièrement le "NOM".
Très amicalement
André
mameralice
Posté le 03/12/2010 à 11:57:58
Chère Flipote.
Votre commentaire me va droit au coeur pour l'éloge à mon grand-père que vous soulignez si bien.
Merci et toutes mes amitiés.
André
mameralice
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19/04 08:58Sarahg
Ok.
19/04 08:56Plume borgne
J'ai pas dit le contraire
19/04 08:52Sarahg
Non, les destins peuvent être merveilleux.
19/04 08:50Plume borgne
Tout se résume au livre ivre d'une vie de givre
19/04 08:00Sarahg
Remarque, un livre où tout est déjà accompli, ce serait pas mal.
19/04 07:45Sarahg
Ce serait un livre douloureux. Un livre a besoin d'une histoire, de vie.
19/04 06:43Plume borgne
Imagine un livre d'une page dont le titre serait livre dans lequel il n'y aurait que le mot livre en préface en histoire et en résumé
17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
Imagine qu'il n'y ait jamais de tristesse indicible
16/04 08:28Plume borgne
Imagine qu'on parvienne à tuer l'ennui
15/04 10:58I-ko
imagine qu'il n'y a rien à tuer ou à mourir
15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
Si seulement cette imagination était réelle...
14/04 04:31I-ko
imagine tous les gens vivre leur vie en paix
12/04 07:39Ocelia
Imagine les gens vivant pour maintenant, imagine si le paradis était un mensonge. Lennon
11/04 04:10Sarahg
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11/04 04:09Sarahg
"La folie est un don de Dieu". Jim Fergus

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