Dès que l'on pénètre dans cette pièce obscure,
Un tic-tac métallique attire l'attention,
Percutant nos tympans d'un rythme qui procure,
La cascade du temps et de nos illusions.
Tic-tac
Elle trône dans un angle à toucher le plafond,
Toisant de son œil rond le salon astiqué,
Majordome du temps qui donne des leçons,
Pinaillant les heures des rendez-vous manqués.
Tic-tac.
Nul ne peut se soustraire à sa simple logique,
Elle scinde le jour en vingt-quatre fractions,
Rythmant notre labeur en journées diaboliques,
Minutant chichement nos minutes de passion,
Tic-tac.
Malgré l'habillage, sa prestance est la même,
Richement décorée ou sobre par l'aspect,
Elle impose toujours, même à l'être suprême,
Que seule, elle peut décider le grand trajet.
Tic-tac.
Celle que je raconte est d'un beau chêne clair,
Patinée par les ans qu'elle a dû égrener,
Sculptée par le ciseau d'un ouvrier hors pair,
Elle siège au salon pour son aspect raffiné.
Tic-tac.
Son cadran dont l'émail reflète une aquarelle,
Embrase ses heures de ses chiffres romains.
Ses aiguilles sculptées, fines comme dentelle,
Décomptent à l'infini nos futurs lendemains.
Tic-tac.
L'immense balancier où s'accroche un soleil,
Reluit de son cuivre ses deux flancs empâtés,
Les deux poids suspendus tout teintés de vermeil,
Meuvent ses rouages à perpétuité.
Tic-tac.
Soudain des tintements sortent du carillon,
Se diluent et s'enfuient au-delà des croisées.
C'est ainsi que résonne à travers la maison,
Le signal sonore de l'heure libérée.
Tic-tac.
Et c'est les yeux mi-clos, bercé par ce tic-tac,
Que je prévois ce temps ainsi décomposé,
Qui doucement me mène, avec un certain tact,
Sans jamais dévoiler mes années épuisées.
Tic-tac.
Aujourd'hui, je pense à cette belle pendule,
Où bien longtemps déjà, de moi elle a gravé
Le destin de ce temps qui était mon pécule,
Pour l'avenir d'hier, devenu mon passé.
Tic-tac.
Ce bruit monocorde je l'imaginerai,
Pour rythmer les années qui viendront s'écouler,
Laissant ce vieux coucou tenir mes intérêts,
Du montant de ma vie qui me reste alloué.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
André le 6 août 1994
Écrit par mameralice
J'ai tellement pris à la vie, je ne peux que lui rendre.
Catégorie : Divers
Publié le 05/03/2009
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Tout beau, que de souvenirs ton texte m'évoquent! Bien à toi, Hysard |
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hysard |
Cher vous. Qui n'a pas de pendule ou de carillon dans ses souvenirs. C'est le tic-tac pour certain, qui difficilement le supporte... Je me souviens, dans ma chambre parisienne, les jours d'été, j'entendais par la croisée le tintement des heures et des quarts d'heure d'un carillon intempestif! Amicale salutation pour votre passage. André |
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mameralice |
Mon grand-père, après ses heures de maréchant des mines, réparait des horloges et des montres, et mon enfance a été bercée par ces doux bruits qui résonnaient le fil du temps... bien à vous hysard |
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hysard |
"Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer." Toujours inconditionnelle. Bravo. Mado | |
Mado |
Cher "Hysard" Merci de me parler de votre Grand-père, nous avons en commun de réparer des réveils, j'adorai... je pense à maraîcher pour son métier et les mines sont-elles les halles de Nantes? Amicalement André |
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mameralice |
Chère "Mado" Très belle phrase que vous rapportez et qui est pleine de vérité. Qui n'a pas un souvenir des parents auquel il se remémore un peu de son passé... Merci mille fois pour "l'inconditionnelle" Très amicalement André |
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mameralice |
Le "maréchant" était le surnom donné au maréch(al-ferr)ant, du moins dans sa région "noire". Il s'occupait des chevaux qui travaillaient "dans le fond", et de tout ce qui touchait aux soudures ou aux métaux. Et oui, il n'y avait pas que des hommes dans les mines, on y trouvait, en plus des chevaux,qui tiraient les chariots, et des canaris qui servaient de système d'alarme contre le "grisou" Imagine le contraste entre le travail du fond et l'horlogerie... Amitiés, Hysard |
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hysard |
Cher "Hysard" Merci d'avoir éclairé ma lanterne car je nai pas fait le rapport entre 'maréchant' qui doit être ch'timi et maréchal-ferrant. J'ai très bien connu dans ma jeunesse, ce temps des chevaux, quand il venait tous les mois les ferrer car la ferme en possédait une vingtaine. Il réparait aussi tous les matériels agraires. Par contre le travail des mines de charbon je l'ai appris dans les livres d'école. Merci d'être repassé et amicalement André |
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mameralice |
Pas loin des ch'timi, mais de l'autre côté de la frontière, lol Hysard |
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hysard |
Cher "Hysard" Merci de toutes ces précisions. Amicalement André |
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mameralice |
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