Un taxi bleu à Mumbaï et moi dedans
Entre des bouchons sans fin, une marée
Humaine et mécanique, c'est si grand
Que mon esprit a du mal à la cerner

Un long arrêt forcé, dans la queue d'un feu
Je ne regarde plus ma montre, tant pis !
Mais au moins je prends le temps d'ouvrir les yeux
Je tourne la tête, j'observe la vie.

Des trottoirs remplis de familles en détresse
Ils ont trouvé logis sur ce bout de rue
Je vois une mère laver de son fils la graisse
Avec de l'eau trouble qui sans doute pue

Soudain, un petit bruit sur l'un des carreaux
Détache mon regard de cette scène
Triste et sans espoir bien plus qu'il ne faut
Qui arrache mon cœur par ce trop de peine

Deux gosses très sales au regard éteint
Un doigt sur la bouche pour me faire saisir
Qu'ils veulent de l'argent pour plaquer leur faim
Ils veulent que cette vue soit encore pire

Une main dans ma poche pour prendre des roupies
Je compte mes sous pour donner la même somme
Mais l'homme au volant me bloque puis me dit
« S'il vous plaît Monsieur nous ne sommes pas à Rome »

« Au pays des indiens la vie est bien autre
Pour alléger le cœur vous donnez sans suer
Mais gardez l'argent qui est juste vôtre
Parce que dans leurs mains pourrait bien les tuer »