L'hiver a recouvert mes souvenirs, je n'entend plus les chiens courir. La maison s'est éteinte, sans un bruit, sans un plainte. J'ai revu notre arbre, le temps semblait s'être gravé dans la blessure de son écorce et je crois qu'un instant le vent a pleuré avec moi, faisant résonner la plainte macabre des arbres en deuils. Il est loin le temps maintenant où innocente de ta beauté tu me souriais, où le vent complice dans tes cheveux s'amusait à me voir hypnotisé. J'ai passé le chemin recueillit par les arbres et je sentais ta présence. Les arbres se moquaient de moi, ils me savaient effrayés dans un endroit que j'avais aimé. J'ai reconnu notre arbre fruitier, il semblait m'en vouloir de l'avoir abandonné à ces géants décharnes par le temps, lui qui ne nourrissait que des rêves d'enfants. Je me suis retourné une dernière fois et j'ai regardé la maison. Elle me paraissait si loin que j'ai eu peur qu'elle ne m'échappe comme mes souvenirs s'effacent. Peut-être demain aurai-je oublié la sensation de ta main dans ma main.