-Aujourd'hui, le Clown n'est pas là. On s'est quitté, sur un coup de folie mais moi je suis là, les bras ouverts, l'âme ensanglantée à vouloir déchirer la vie comme une vulgaire feuille de papier. L'encre se mêle à mille tourments, je ne sais pas si je dois, si je peux ou si je veux... Affalée et affolée face à mes maux, j'en perds le sens même de mes phrases ; ne me cherche plus, j'ai besoin de me retrouver au coin d'un feu ardent, là où les braises chantent ma douleur. Ma douleur qui vogue, qui nage, qui se noie, qui marche, tombe, se relève et tombe de nouveau pour enfin faire l'effort de marcher comme un funambule qu'on ne voit même pas, elle n'écrase rien mais cogne à ces sombres murs. Ces murs qui gémissent, au fond de la nuit, qui pleure la Lune et ses firmaments. Ces murs qui m'entourent, qui nous entourent, qui t'entourent même, qui sait. Que sais-tu de moi et que sais-je de toi, voilà les véritables interrogations qui frappent mon âme, qui se débattent avec violence au plus profond de mon être. Car je marche, dans les sombres ruelles de mes cauchemars. Les pavés qui recouvrent le sol sentent le cadavre et la dernière larme versée par un muet. Je marche doucement, ou trop vite, j'ai perdu le fil, le nord, ce petit point qui fait que tout s'illumine. Je n'aperçois ni maisons, ni Lune bien que la noirceur de la nuit poignarde mon cœur : j'avance. Y' a t-il quelqu'un ? Non, bien sûr que non, qui aurait pu être là ? Les Silhouettes ne savent rien de cet endroit, le Clown orgueilleux prendrait le dessus et s'agripperait à mes paroles pour que rien ne s'échappent. Mais aujourd'hui, le Clown n'est pas là. Je me sens nue et sale. Je me sens nue et sale. Je me sens nue et sale te dis-je. Car aujourd'hui, le Clown n'est pas là. Aucun nez rouge, ni chapeaux à paillettes. Aucun masques, aucun maquillages. Aujourd'hui le Clown n'est pas là ! Je me sens nue et sale. Vulnérable, nue et sale. Aujourd'hui, le Clown n'est pas là. Aujourd'hui, je suis nue et sale.