Maladifs arbrisseaux, flaques marécageuses
Ce spectacle étonnait dans la contrée souriante
La nuit le ciel montrait lucide Bételgeuse
Dardant son œil lointain d'une façon qui hante

Aujourd'hui ma mémoire où s'affole la vie
L'heure passante est là dans un souffle mortel
C'est un sifflement court qui enlève l'envie
De jouer au plus fin dans la pièce inhabituelle

Nous sommes tous conviés à ce bal des ardents
Mais nous portons l'espoir circulant dans nos veines
Il est nombre de nous qui sont des descendants
De ceux qui bâtirent sans faire une œuvre vaine

Dans le passé ce miasme était un coin d'un vert
Tendre qui semble ainsi s'être étendu sur Terre
Comme dans un récit d'horreur où des gros vers
Mangent un visage d'homme effondré par terre

Les soignants courageux, infirmiers en astreintes
Pompiers volontaires, caissières sur le front
Policiers en patrouille et livreurs sous contraintes
Et maint autre métier menant un monde rond

Tout cela d'âpre réalisme a dissipé
Le fantastique en cette peur où nous vivons
D'où surgira pourtant le grand espoir après
D'une humanité neuve où des héros se font

Dans l'arbitraire où sont fauchés bien des collègues
Voyez le tenace service accréditant
L'idée que solidaire est le témoin du legs
Qu'une génération confère aux descendants

Plus d'un cimetière aura plus d'une victime
Hors des gonds sont ces temps, mais gardons la vaillance
Elle s'est bien souvent nourrie de source intime
Du malheur d'un présent, de nos grandes souffrances