Nous ne nous sommes pas dits au revoir mon frère
Tu es mort dans mes bras où je te tenais, frêle
Dévoré par la peur, aux grands mots de cancer
Partant vers d'autres cieux, là où les dieux nous hèlent...

Il faut être bien fort pour affronter la mort
Laisser ses arpèges nous déchirer le cœur
Et dans la musique de l'âme avoir une place
Pour des sons majestueux, pour le trépas berceur

Ô ma sœur qui fut tierce en ce jour de grand deuil
Nous étions serrés, car la famille ainsi faite
Les larmes pour plus tard, d'abord ce bon accueil
Puis le basculement obscur dans la défaite...

Mère, qui nous a quittés sous mêmes auspices
Tu fus courageuse à convertir ton vieux sort
En cœur de joie pure pour tes petits-enfants
Pour rien au monde tu n'eus voulu qu'un hospice
Recueille tes derniers jours précédant la mort !
Tu voulus avoir jusqu'au bout tes jeunes faons

Dans le torrent d'un siècle un mort est-il de mise ?
Et la mort même un sujet délicat à dire...
Mais il faut affronter sans douleur ni méprise
Ces instants disgracieux que l'on voudrait maudire

Là-haut dans l'arbre un oiseau a chanté matin
Heureux geai, qui que tu sois, ton chant me soulage
Je m'évade par des fils, de fragiles liens
D'un monde où m'apparaît, avenir, mon grand âge ?