La lune luit tristement dans la nuit
Elle est seule et ne sait ce qui l'ennuie
La terre pour veiller attend l'aurore
Le soleil feint de n'avoir plus de corps

Sur les bois d'ébène un linceul de suie
Tend un dais de cendre et le sol essuie
Sur la ville endormie où l'humain songe
À travers toutes croisées elle plonge

Un veilleur l'oublie qui vaque à sa tâche
Sa lampe écourte la nuit à la hache
Un phare se dresse et éclaire au loin
Il éblouit le ciel et semble un point

Les bêtes des forêts tremblent de froid
Se serrent avec soin dans leur effroi
Le tronc de l'arbre semble un minéral
Une chouette surprise y pousse un râle

Tout vit ou dort et la lune l'ignore
Amie de la terre et de l'astre d'or
Elle se languit de n'abriter vie
Le sort de la terre lui fait envie

Quand le jour point elle consent au pire
Disparaître avec un dernier sourire
Amer comme sont toutes solitudes
Perle suspendue dans son altitude