Le matin, il déjeune d'une tranche de pain de mie,
Et regarde le jour venant par trop de "Pas !"
Enrayer son retour à la vie.
Sa tasse à café chauffant sa main, il pense...
"Travaille !", s'entend-il dire,
Et l'on tend une corde à son cou
Tandis qu'il tord la rumeur,
Emanant de lui sinon le solitaire se sentirait autre.
Sous la douche, une chaude étreinte sonore
Honore sa peau qu'elle teint d'humides lueurs
Sous l'ampoule cruelle et nue.
"Ennemi, je suis mon propre ennemi...", pense-t-il
En se passant un savon au creux du gant.
"Vendredi peut-être, si Dieu le veut, je touche du bois,
Je suis nul aux échecs, j'ai marché dedans,
La réussite est un tissu de maux surmontés,
L'ambition m'habite et j'ai vaincu mes cents démons,
Un des cents m'est resté comme conseiller du culte
Entre espoir et hommage que je dois me rendre chaque soir..."
Que sera sa journée type ?
Il est le rossignol et s'ignore dans le poème de Keats.
Sa conscience est nourrie de miettes philosophiques,
De "l'ancien festin" où le vin coulait à flots
Avant de ruisseler au soleil des trottoirs
Après soûlerie.
À l'heure non vespérale où il s'endormira,
Tardive au demeuré,
La civilisation recueillera le festif entrain
Qu'elle dessine par mille canaux,
Chaque journée s'irriguant
Afin d'en redéployer l'énergie vitaminée au matin
Destinée à tous ceux,
Fils de sa sève, qui la servent.
Quant à lui,
Si vous le voyez pendu pantin passant au fil d'un réverbère,
Dans son énième représentation de la mise en congé nervalienne
- Le nerf de naguère n'a guère changé -,
N'attachez pas de créance à cet acte piètre :
Il vérifie si l'auréole de lumière
Se fixe bien au-dessus de sa tête,
Comme un spray capillaire divin.
Triste scène issue de son théâtre intérieur,
Il se répète à travers elle un rôle qu'il apprit très tôt,
Du côté religieux gnostique,
À savoir la négation de soi
Pour la communion en Dieu.
On apprend ça dès l'enfance :
Il ne s'est pas démêlé de cette optique dialectique
Du divorce et des épousailles
Qui l'illumine encore cette nuit.
Qui sait quand il jouera la dernière ?
Nul espoir en somme de le trouver
Moins hautain qu'il n'est.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Triste
Publié le 25/05/2014
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J'ai beaucoup aimé. De jolis clins d'oeil. |
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Syntax_Error |
Merci, Syntax_Error, pour votre commentaire attentif. Cordialement. |
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jacou |
Très bien écrit. Merci du partage Jacou. | |
Balder |
Merci Balder pour votre commentaire aimable. Cordialement. |
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jacou |
Merci très cher jacou pour ce poème dont d'une taille ambitieuse. Long mais jamais ennuyeux, comme à votre habitude emplis d'allitérations et de jeux sur les mots, à-cheval entre de scription fidèle et abstraction, et souligné par une écriture fluide, cet écrit est particulièrement agréable et profond. J'aime particulièrement la 7e strophe, où la mort elle-même devient l'image du rêve, une illusion masquant une réalité plus abstraite, plus métaphysique. Bien à vous. Florent |
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Florent |
la scène du dernier acte, les X coups de battons au rideau levé sur une vie sans lune et aux jours sans fin ... Et si par mégarde la vie était belle mais que nous l'avions occultée ? Joli écrit merci :) |
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lilipomme |
Je vous remercie, très cher Florent, pour votre commentaire à la fois sensible et détaillé. Le rêve réconcilie la vie et la mort. Cordialement. Merci, lilipomme (quel charmant pseudo), pour ce commentaire amical. La vie est en effet tissée de nos songes. Cordialement. |
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jacou |
merci très cher ami jacou, je l'avais lu et cru l'avoir commenté, mais c'est jamais tard car c'est un poème qui se fond dans l'âme du désespéré que je suis et suis tout à fait d'acord avec florent pour la merveilleuse 7ème strophe " quant à lui " c'est toujours bien de déguster tes beaux écrits même dans la joie ou le désespoir... bien à toi très cher ami d'outre mer zeste |
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zeste |
Merci mon très cher ami zeste pour ton commentaire très sensible et qui me va droit au coeur. Cordialement. |
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jacou |
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