L'angoisse est de croiser l'être visqueux et flasque
Dont les borborygmes ululent de longs râles
Non loin de la tourbière où a tombé le masque
Cet endroit oublié, ce décor théâtral
La forêt moisie est purulente et malsaine
Pullulent des tiques et des araignées d'eau
D'une mare émanent d'insanes bulles naines
Crevant dans les miasmes aux relents de vieux os
Le charnier des humains que le monstre vorace
Dévore en vomissant émet un fumet sombre
Un filet de sang coule épais et suit la trace
Des cadavres désarticulés en grand nombre
La puanteur de mort efface le soleil
Cette cache obscure est malédiction pour tous
Des têtes aux cous sciés, plantées, ponctuent, vermeilles
Car sanguinolentes, ce parc gorgé de mousses
D'un rouge terrible où pue le sang des nations
Ces crânes sont fichés, leurs grimaces affreuses
Sont pour interdire un parage à nos missions
Les épouvantables déchets de terre ocreuse
Surgissant encore laissent parfois entendre
Un cri qu'étouffent peur et paralysie d'âmes
Tourmentées dans leurs morts lentes à condescendre
Délivrance des maux, des crocs fichés en lames
Quand l'horrible rumeur retentit dans la brume
Tout tremble en ce pays dont l'humeur est de fièvres
Nul n'a honneur, nul n'a de parent qu'il inhume
Mais tous craignent de finir entre ces deux lèvres
Putrides, dans la gorge aux relents méphitiques
Gosier de l'infernale engeance ayant pris pied
Sur la terre et qui va par ces temps chaotiques
D'un blasphème engloutir des hommes estropiés
Carnage de membres, ventres éviscérés
Fœtus jetés au sol, viande tendre des femmes
La honte d'être humain et la gorge serrée
Sont mon lot dans ces lieux désolés et infâmes
Ici, être déchu de son règne a un sens
Nous ne sommes plus rien que des morceaux de corps
Aux abattoirs de ces nouveaux saigneurs, l'essence
Humaine gît dans la fosse d'aisance, encore
Une fois l'histoire nous a maudits, il semble
Que nous aurons beaucoup à faire dans l'espoir
De retrouver air qui soit respirable, où tremble
Dans le rose d'un ciel la saveur d'un pur soir
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 18/08/2020
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C'est un superbe poème, à la fois terrible et sans concession sur l'humain. Ce marécage me rappelle celui du seigneur des anneaux où ceux qui sont tombés nous regardent encore sous la surface de l'eau noire. La petite note d'espoir à la fin fait du bien tant le texte est sombre comme cette eau qui retient tout espoir. J'ai adoré ma lecture en tout cas. Merci. | |
eliosir |
La malédiction est-elle fictive ou réelle ? on peut se poser la question, surtout au final quand tu évoques l'air qui n'est plus respirable. Ce poème me fait aussi penser à un bon film de zombies. Mais c'est bien plus profond. Merci Georges pour les frissons | |
creature |
Une terrible lecture ! Quel talent ! Ta plume excelle dans ce registre aussi... J'avais plus peur à certains passages que je voulais quitter plus vite , la chute est est belle pour son espoir ...mais en refermant cet univers j'ai mis un voile à ton poème , mon jugement modérateur...lol Grand bravo à toi Georges ! |
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Yuba |
Georges, vous avez décidément l'art de me faire apprécié ce genre de littérature, alors que je ne le prise guère d'habitude, moi qui préfère les contes de fée et les légendes. Cette malédiction, que vous exprimez avec votre grande maîtrise poétique et l'agilité incroyable de votre plume, n'est quand-même pas sans me faire penser quelque peu à la réalité. J'aime beaucoup le contraste entre la teneur angoissante du poème et cette ouverture sur l'espoir dans la dernière strophe. Merci beaucoup pour ce frissonnement garanti mené de main de maître! |
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Matriochka |
Une lecture aussi angoissante que merveilleuse par un texte juste magnifique. J'ai été emportée par l'horreur qui est décrite et j'ai imaginé avec précision le monde dans lequel nous vivons. Ce monde d'horreur massacré par ce monstre qu'est la barbarie humaine. Bravo | |
philomène |