http://pages.infinit.net/pascars/graal/Table_Ronde.htm
(un astérisque * marque, dans cette intégrale, le début de la seconde partie)
Fauves feuilles bruissant dans la forêt profonde
Le héros attiré s'enfonce au coeur des arbres
Il a quitté la cour et les us qui la fondent
Comme avoir blessure en son coeur, mais corps de marbre
Galaad a frémi par deux fois d'entrevoir
L'avide et vivace vouivre toujours vorace
L'abri des bois brisé par la bête, et savoir
Le monstre proche... ô son coeur bat sous sa cuirasse !
Lancelot chevalier lance au ciel un autour
Tutoyant le soleil ondoyant les collines
Il est de Galaad le père, et tourne autour
De lui la souveraine à la peau opaline
Suivant des yeux le grand faucon qui prend essor
Il tremble d'émotion pour ce roi britannique
Qui l'a élu, lauré, lui a jeté un sort
Comme fée des forêts fait son art fantastique
Gauvain son ennemi observe cette scène
Il sait tous les secrets qu'un sorcier lui consacre
Les yeux fous, la bouche hâve, un tourment obscène
L'incline à désirer Guenièvre, saveur âcre...
Le chasseur en lui-même est, pour sa proie rapide
Un joueur invétéré, escomptant des secondes
Les bonheurs d'un instant, il fait de son coeur vide
Tambour temporisant la tristesse du monde
Perceval a prévu cette si longue absence
Et le harnachement qu'il met à son cheval
Il l'a pensé depuis le temps de sa naissance
Quitter enfin la cour, chevaucher outre val
Il fut enfant pleurant cet antan qui vous saigne
Toute fleur d'ancolie vêt sa saison d'automne
Sa vie l'évidait, vil voleur des enseignes
Des blasons qu'aux tournois il guignait, monotones
Arthur est soucieux, cette quête du Graal
Entêtée, attestant des chevaliers la fièvre
D'obtenir le sommet, la jouvence intégrale
Par l'homme sur la croix dont on perça la plèvre
Cette quête insensée obscurcit ses vieux jours
Arrachant du roc son épée Excalibur, ombre
Dans sa mémoire aussi, ce dragon en séjour
Dont il débarrassait la contrée, qu'elle encombre...
Merlin d'un mélomane a le coeur enchanteur
Un choeur en sa prison sont toutes fioles folles
Tout a son prix, remède ou serment des menteurs
Pas de sentiments, mais sarments ou folioles !
Toute herbe est bonne à prendre, et, respirant tout air
Ayant foré trophées dans l'offre forestière
Il rapporte la plante en remerciant la terre
D'être, avant que vers nous mangent, là toute entière !
Le royaume a frémi, hormis la Table Ronde
Qu'on dit taillée d'un roc par un divin sculpteur
C'est qu'auprès du lac bleu, Viviane, belle Dame
A quitté ses atours, nageant avec lenteur
Elle, dont toute pierre a poli la peau blanche
Qu'elle soit améthyste, rubis ou émeraude
Est reine du plus grand domaine, issu des hanches
Cet Amour qui par ses effluves au loin rôde...
*
Tristan sorti du bois, il quitte la Lyonesse
Un pays inquiétant s'étend aux bords du monde
Qu'il lui faudra franchir, et pour qu'Yseut renaisse
Et pour qu'hiver cesse, ramer sa nef sur l'onde
Or, Camelot attend le chevalier le meilleur
D'un duel où Lancelot est forcé de paraître
Deux abeilles armées de dards font des frayeurs
Aux dames pour qui ces hommes sont de beaux êtres
Lohengrin regrette que Perceval son père
Quitte une fête qui n'a de fin, le royaume
Attirant de partout des âmes sans repères
Pour l'heure il est valide au tournoi sous son heaume
Puis il disparaîtra dans la grotte des cygnes
Ces créatures qui sont des dieux les preuves
Glissant en silence sur un lac où l'assigne
L'estuaire où vient à mourir chaque fleuve
Mordred mord l'édredon de sa dernière passe
Bouscule la femme partageant ses délices
Pauvre putain brunie dont le derrière passe
Pour légende en ces lieux où l'homme a plaisirs lisses
Mordred l'immortel, rusé, frustré, si rustre
Qu'il fut banni de Table après des heurts divers
Rien ne lui sert, il cherche à vaincre, après des lustres
Ce roi trop fier dont les rides signent l'hiver...
Morgane est fée que la forêt désillusionne
Elle se fait l'effet d'étre femme si folle
Que si ses charmes doux par frêle hasard fonctionnent
C'est qu'elle a su contrer Viviane en des paroles
Elle est jeune fille, que ses parents très tristes
Ont abandonné lors que les loups, en tueurs
Dévorants n'ayant pu, affamés sous les cistes
Terminer leur repas, elle vécut malheurs...
Le paysage est vieux qui court dans les mémoires
Pays sage où l'envieux à la Cour s'apprivoise
La Terre Gaste accueille, aux reflets de ses moires
Un peuple en repos qui boit nectars et cervoises
Paysans moissonnant les blés, bête à l'étable
Tout fredonne en accords majeurs le bonheur d'être
Depuis qu'Arthur a pris les rennes de sa Table
Un beau livre d'heures orne d'ors ses fenêtres
Le dragon que jadis l'on enviait pour ses flammes
Est mort, et les elfes et les gobelins craignent
A la tombée du jour, des chevaliers les lames
Les soirées sont fraîches dans ce souverain règne
Tel homme rentre auprès de sa femme à plus d'heure
Souffle entre ses doigts pour que le feu se reprenne
Ils feront leur amour, sans remords sans erreur
Car le roi a promis à chaque enfant l'étrenne
Puis, vers les bois s'enfuit loin des chasseurs la biche
Un arbre sombre a tronc que le hibou habite
Des témoins pour l'homme que toute terre est friche
Ne l'accueillant qu'un jour où sa vie passe vite
Mais, les chevaliers vont à l'assaut de leur Quête
Le Graal est légendaire, en chaque homme étincelle
La promesse oubliée qui jamais ne l'inquiète
Sa Mort, nul élixir Celle-là n'ensorcelle
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 25/03/2018
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Un texte épique qui me rappel beaucoup de souvenirs d'histoires sur les chevaliers de la table ronde, Et surtout si bien écrit, merci ! | |
feuille_au_vent |
Ecrire toujours écrire, a quand l'édition ! ? Ce site est trop petit pour toi ! | |
CRO-MAGNON |
Magnifique est la créativité de toutes ces histoires tissées entre elles pour étoffer de charme et de péripécies inédites pour certaines ?je le pense ..un rècit conte absolument talentueux ...grand merci Jacou ! Amitiés :) |
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Yuba |
Merci pour ce moment intense et documenté jacou, ce poème est comme je l'ai déjà dit dans le premier opus une épopée digne de celle d'Homère! A mon humble avis, et ce ne reste que mon avis, cette lutte met en scène l'Homo Sapiens et le futur de celui-ci (incarné par Merlin entre autre), avec tous ceux qui font passerelle entre les deux. Ce qui est remarquable! Merlin a finit son travail car le nouveau monde approche, pas celui des hommes comme il est dit trop souvent, mais celui des successeurs de Sapiens dont l'essor est fulgurant (pour le meilleur ou bien le pire, est une autre question). Merci Georges en tout cas de nous plonger dans ce monument appartenant déjà à un autre âge. |
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eliosir |
Tu nous livres une partition dès plus brillante avec ce superbe poème en intégralité et d'un beau volume. Un grand bravo Georges pour cet exploit ! Car là, on ne peut pas dire autre chose...Beau dimanche avec toute mon amitié. Bisous à toi. | |
suane |
Merci beaucoup Feuille_au_vent d'avoir consacré du temps et de l'attention à la lecture de ce poème très long, j'en ai conscience ! Votre appréciation me va droit au coeur, car j'ai investi dans cette écriture des choses qui sont de passion (l'Histoire comme la légende épique, et la symbolique), ainsi, il va sans dire, que du temps, nettement plus qu'à l'ordinaire. Aussi, votre bonne lecture attentive me rassérène ! |
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jacou |
Merci CRO-MAGNON. Sais-tu, ce site, Icetea, m'a apporté énormément de choses et de bonheurs depuis deux ans que je le fréquente assidûment, pour ainsi dire tous les jours, il m'a même apporté au-delà de ce que j'espérais en m'y inscrivant. C'est le meilleur forum poétique que je connaisse et un formidable tremplin d'écriture, qui, par les échanges qu'il permet et promeut, offre une formation accélérée en poésie, grâce aux conseils reçus, aux tuyaux, à l'émulation, mais aussi aux avis de la communauté, sous la forme d'échanges qui sont essentiels dans un forum, quel qu'il soit ! Donc, je poursuis le travail d'écriture qui est plaisir avant toute chose, mais je ne trouve nullement ce site trop petit, car je ne suis pas un poète suffisamment préparé pour se confronter à l'édition, et j'ai quelques réserves dans ce domaine... Donc, je dis longue vie encore à Icetea, et vive la poésie ! |
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jacou |
Je te remercie Yubanca de m'avoir suivi longuement dans ce chemin de légendes, où je n'ai jamais fait que présenter un cadre, une ébauche pour une fresque que je songeais plus longue encore, mais à la fin, cela eût été bien trop long ! Amitiés :) |
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jacou |
Merci vivement Eliosir pour cet éclairage original qui m'interpelle sur le plan du mythe, de la symbolique ! Je vais faire quelques recherches au sujet de cela, de l'interprétation, et je reviendrais probablement en parler si j'ai une vue originale à défendre à mon tour... Oui, Laurent, la légende est faite pour engendrer bien des possibilités de l'enrichir encore, par nos vues originales, nos pensées fécondes ! | |
jacou |
Je te remercie Stéphanie d'avoir pris le temps de me lire, et d'offrir par tes mots le témoignage d'un plaisir de lecture. Ton avis est généreux, et je suis heureux que cela te plaise, ce récit d'ouverture de la légende de la Table Ronde, pour laquelle il faudrait prévoir une épopée de 100 strophes au minimum, tant la matière est riche lol ! Merci énormément pour ton amitié qui est partagée, et je te souhaite une bonne soirée de dimanche. Bisous. | |
jacou |
un vrai roman merci jacou |
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marinette |
Merci Marinette d'avoir pris le temps de me lire. | |
jacou |
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