Plouf plouf tra la la pouet pouet nous sommes poètes
Nous préservons la langue au sortir de la gorge
Qu'importe si l'on eût préféré lisboète
De cœur être en des mots qu'aux bords du Tage on forge*
Il n'est pas de poète à la mise endeuillée
Les œillères tristes sont pour les prosateurs
Tristounets de la bile allez manger l'œillet
Pendu à votre cœur nous sommes des acteurs !
Acteurs existentiels sans plus nulle ecchymoses
Nous sentons à des lieux ces émotions farouches
Éléments conducteurs pour vos visions moroses
Nous avons la gaieté chevillée aux babouches
Avec nous le soleil cligne un œil mordoré
Jette un rai de poussière d'ors qu'il illumine
En des rayons de miel venu du ciel doré
Pour les souris précieux de maintes bonnes mines
La lune expire à l'aube en l'argent des rosées
Qu'un tissu froissé laisse effleurant les aurores
Dans des frissons d'extase et des soupirs dosés
De peu de durées aux urées tachetées d'or !*
La pluie fait plouf en rus des rues de macadam
Où il fait bon noyer les surannées névroses
Nées de gros nénés vus en corsages de dames
Qui de n'être point eus ont dépité nos roses*
Le vent caresse un arbre où l'âme s'enracine
Où se rappelle en lui tel vers d'un Jean Racine
Quand l'adulte oeuvre en fleuve en soi se ratiocine
Lorsque l'hospice au loin d'un matin se dessine
Le "souvenir familier"* nous ramène à nous-mêmes
Un poète est en germe au fond de la mémoire
De beaux vers sus ne sont pas cristaux de Bohême
Mais c'est comme Monte Cristo nommant ses moires
Le temps défaille en gris, l'espace est bleu cocard
Quand nos yeux dessillés aperçoivent des failles
Dans ce tissu de jours dont ne se vit qu'un quart
Le reste embastillé par sommeil et travail
Alors si vous pensez que vous êtes poètes
Apportez sur les fonts baptismaux vos offrandes
Versons le lait le miel l'huile ainsi qu'on allaite
Et du sein de vos fronts tirez ce dont est friande
Cette France accordée qui nous rassemble encore
Avant que les premiers de cordée ne s'enlèvent*
Devenant avocats, riant des vers de corps
De garde à ne pas faire, où les démunis rêvent
Car l'avenir leur est sombre ainsi qu'un dais noir
Ecrire de ces mots où viendront boire enfin
Ces hommes qu'exténuent les carrières qui foirent
Parce que leurs vies sont dépourvues d'une fin
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* Allusions aux poètes Pessoa, Rimbaud ("morves d'azur" du "Bateau ivre"), Ronsard, Verlaine ; et Macron en contrepoint. Publié en 2019, reposté avec de légères modifications.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 26/02/2019
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et plouf magnifique quelle beauté quels sens profonds quelle chute magnifique |
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marinette |
comme je veux en extraire la beauté jusqu à la dernière goutte je vais presser ton poème ,et même en manger le zeste!!!pour cela je vais le lire et le relire!!merci Georges !! | |
Aria |
Un poème qui rassemble l'art et la manière ! J'ai aimé plonger dans cette offrande Autour de moi le plouf plouf des mots Est une abondance de sens qui chavire à chaque vers . Bravo Georges ! |
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Yuba |
dense expansif fascinant amitiés:) | |
romantique |
Marinette, Aria, Assia, Sylvain, je vous dois mille mercis pour vos commentaires si précieux d'aujourd'hui, qui font battre mon coeur plus vivement, et aussi remettre sur l'établi la poésie à continuer dans l'ardeur du dire ! Encore merci à vous, amis de plumes et de claviers ! | |
jacou |